La série d’Aleksey d’Havlcyon ne cesse de voyager : après Bogota et New York, elle arrive à Avignon. Il s’agit d’une série majeure constituée, écrit l’artiste, “d’autoportraits et portraits de mon frère, surgissants de la nuit, incarnant Esprits de la nature, divinités oubliées, personnages folklorique, entités…”.
Tout joue autour de la sensualité et de la filiation là où, ajoute-t-elle, “l’organique et l’animal triomphent”. Et pour le bien et la fascination que cela provoque.
L’enchanteuse poursuit ses incarnations et sa recherche en jouant des atours de diverses cultures et croyances. Accompagnée de son frère, la prêtresse s’amuse avec des fantômes et esprits des forêts des songes pour des féeries et arcanes où les madones latines rejoignent de divines sorcières slaves.
Frère et soeur communiquent ici par le biais de mises en scène que des torches de lumière nimbent de mystère. Les portraits médusent là où les gorgones deviennent quasiment et au besoin des Madame Edwarda de Bataille au bordel. Elles ont le même pouvoir mais Aleksey d’Havlcyon, astucieusement, ne fait que le suggérer.
Entre la sainte et la prostituée le sacré reste le même. Les deux sont habilement cachées ou maquillées sous des filtres textiles qui deviennent des “philtres” sensuels. Tout reste de l’ordre d’un acte magique. Il fait fondre de plaisir.
Après avoir succombé à cette sorcellerie, il sera toujours temps de prier à l’église. Du moins pour ceux qui en éprouvent le besoin.
jean-paul gavard-perret
Aleksey d’Havlcyon, The Invocation, Camili Books & Tea, Avignon, du 7 décembre 2019 au 7 janvier 2020.