Camille Saint-Jacques, Talus et Fossés

Terra inco­gnita

Né en France en 1956, Camille Saint-Jacques a uti­lisé toutes sortes de tech­niques et de style: pein­tures sur toile au début, tableaux de perles ou de bois en bas-relief, séri­gra­phies, pièces sonores avec un refus de l’expressionnisme et du tout à l’ego. Dans ses nar­ra­tions appa­raissent des per­son­nages fic­tion­nels sym­bo­liques (“Mis­ter Nobody”, “Moon­boy, “l’Imagicien”) chez le mili­tant et théo­ri­cien de l’art.
Mais un théo­ri­cien libre de tout mouvement.

Avec le temps, l’artiste se concentre sur le des­sin et la pein­ture sur papier dans une volonté d’économie de sa praxis. Il fait en ce sens voeu d’ascèse. Sur de grandes feuilles, il fait un cadre dans lequel l’image à l’aquarelle s’impose avec une pré­pa­ra­tion au « dra­wing gum » (gomme qui laisse en réserve la par­tie de la feuille qui en a été recou­verte).
Les “vues” sont volon­tai­re­ment minimes et issues de lieux où per­sonne ne pense à les saisir.

C’est une manière d’interroger l’inconnu, ses rivages d’abord plus ou moins loin­tains. L’artiste les découvre comme une explo­ra­teur qui aper­çoit pour la pre­mière fois une terra inco­gnita. Dans la rela­tive peti­tesse des images se res­sent l’immensité du tra­vail sur l’inconnu qui nous cerne, ses hori­zons mys­té­rieux, ses inter­stices, ses zones fron­tières.
Tout se crée non par rai­son mais par une croyance. Il s’agit de se jeter dans le vide avec confiance en son accueil.

jean-paul gavard-perret

Camille Saint-Jacques, Talus et Fos­sés, L’Atelier Contem­po­rain, Stras­bourg, 2019, 240 p. — 25,00 €.

 

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