Celui qui pense à autre chose : entretien avec Thieri Foulc (Peintures non peintes)

Thieri Foulc oriente vers une per­cep­tion intel­lec­tuelle : celle d’un “perdre voir” qui est tout autant un « sur voir ». Cela per­met de mar­quer la dif­fé­rence entre nar­ra­tion dis­cur­sive et plas­tique non par une logique aris­to­té­li­cienne mais par ce qu’on pour­rait appe­ler des adven­tices. L’auteur prouve qu’entre l’imaginaire et l’entendement les « mises » sont dif­fé­rentes.
Sachant que, pour cha­cun de nous, faire confiance à notre intel­li­gence et nos sens nous donne de grands moments de soli­tude, Foulc pousse une logique où il est pos­sible de voir des poissons-chats miau­ler. L’image comme l’écrit ne s’opposent plus et créent un tour manège entre essences, appa­rences et la manière de les appré­hen­der sui­vant une pra­tique iconoclaste.

 Entretien :

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Un petit reste d’énergie.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
Comme le disait un ponte du sur­réa­lisme, « c’est un salaud, il ne rêve pas ».

A quoi avez-vous renoncé ?
À toute carrière.

D’où venez-vous ?
D’un monde légè­re­ment parallèle.

Qu’avez-vous reçu en dot ?
Une cer­taine oreille, ou oneille, pour per­ce­voir la pata­phy­sique de ce monde.

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
Un verre de Fixin ou de Pernand-Vergelesse avec une tranche de pain épais.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres écri­vains et des autres peintres — même si j’ai une cer­taine idée de votre réponse…?
Fuir devant le professionnalisme.

Com­ment définiriez-vous l’esprit de vos livres ?
« Je suis un homme qui pense à autre chose. »

Quelle est la pre­mière image qui vous inter­pella ?
La Bohé­mienne endor­mie, du Doua­nier Rousseau.

Et votre pre­mière lec­ture ?
« En ce temps-là j’étais en mon ado­les­cence J’avais à peine seize ans et déjà je ne me sou­ve­nais plus de mon enfance… » (Mais ce ne fut pas ma pre­mière lecture.)

Quelles musiques écoutez-vous ?
The­lo­nious Monk, Jean-Sébastien Bach, Vivaldi (le matin, c’est mieux que les infor­ma­tions de la radio)

Quel est le livre que vous aimez relire ?
Don Qui­chotte ou Le voyage en Orient ou Le Chant de l’équipage.

Quel film vous fait pleu­rer ?
Hum ?

Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?
Hum !

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Écrire à quelqu’un ne réclame aucune audace, j’ai bien écrit à Simon Leys.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Tataouine.

Quels sont les artistes et écri­vains dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Ner­val, Schwob, Her­cule Seghers.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Je ne fête pas mon anni­ver­saire, ni le 14 juillet, ni rien de ce genre.

Que défendez-vous ?
Le « Vous n’allez pas m’expliquer ce que je dois peindre » de De Chirico.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
L’art du bla-bla.

Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?“
C’est la bonne réponse.

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
Toutes les ques­tions de détail.

Pré­sen­ta­tion et entre­tien réa­li­sés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 5 novembre 2019.

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