Un homme migre du bassin d’Arcachon à Collioure, puis revient sur ses pas à la demande d’un homme qui ne tarde pas à mourir…
Du bassin d’Arcachon à Collioure, des années quarante à nos jours, des tranches de vie se superposent, s’assemblent et se séparent. Ce qui fait aujourd’hui découle d’un drame de la guerre. Une femme a accepté les faveurs d’un Allemand. Mais ce dernier se retrouve engagé sur le front de l’Est alors qu’elle est enceinte. Elle est persuadée qu’il est mort en Russie, lui ne sait rien de sa paternité et pense qu’elle l’a oublié. En 2005, alors que l’enfant devenu père meurt étrangement, au milieu d’une vision abracadabrante de vélos et autres mobylettes issus de ses souvenirs, sa fille va se mettre à la recherche de ses origines, pour parfaire la tâche entreprise par son père, et avec l’aide d’un peintre qui se demande bien ce qu’il fait là. Pendant ce temps, le Gavial se promène, emmenant avec lui son odeur de mort. À Collioure, s’opère un étrange trafic de fausses œuvres d’art avec la participation d’une femme gironde.
Le roman débute sur une ode-hommage à la crétinerie de certains supérieurs hiérarchiques dans une entreprise. Celle-ci accouche d’un grand claquement de porte et d’une beigne salvatrice, une de celles qu’on a tous rêvé de donner un jour, mais que notre propre mesquinerie, eu égard au maigre avantage financier auquel on est enchaîné, empêche de lancer. Et puis, les lieux alternent, s’échangent, tout comme les dates et les personnages. On perçoit assez vite que d’un drame du passé va en surgir un autre plus contemporain. Si les fondements de l’intrigue ne sont pas surprenants — une histoire de gros sous — François Darnaudet dresse un joli portrait du bassin d’Arcachon (surtout) et tresse des relations humaines en peinture (un peu). Et la peinture, il en est justement question tout au long du récit. Entre un peintre qui se demande pour quelle raison exacte un compagnon de beuverie le ramène sur des sentiers qu’il ne voulait pas revoir, pendant qu’à Collioure certains spéculent sur des valeurs sûres et le métier de faussaire. Beaucoup de thèmes dans ce roman, qui se caractérise par de très courts chapitres soigneusement disposés où la narration se déroule selon les points de vue des différents protagonistes.
julien vedrenne
François Darnaudet, Les Ports ont tous la même eau, Éditions Mare Nostrum coll. “Les polars catalans”, juillet 2007, 272 p. — 12,00 €. |