Dans des textes épars mais jointoyés, Murielle Compère-Demarcy (aka MCDem.) nous ramène à l“l’homme-insecticide” qui — à défaut de faire mieux — “trébuche sur l’inassouvi” que la poésie tente de combler ou de réparer. Il y eut pour l’humanité de prestigieux mais aussi de criminels antécédents. Et en hommage (entre autres) à Blaise Cendrars “qui n’aimait pas le genre poète” et sa Remington, l’auteure ne fait pas dans la nostalgie.
En un voyage multipartitas, telle une danseuse avec “tutu du ciel en feu”, elle fait crisser la langue.
La poésie n’est plus sous cloche de verre, elle ne se confine pas dans des exercices de vertus domestiques. La langue, pour chanter, pratique ici les dissonances. Et ce, afin de tenter d’arracher l’époque à son esthétique funèbre ou mondaine par une écriture acérée face à la “nature morte” qu’engage le civilisation.
Il n’est pas jusqu’au graphisme à refléter une rébellion de l’esprit par manducations bruyantes du logos. La créatrice décime les colonies piétistes avec une obstination farouche.
Il s’agit de secouer dans l’être et sans ménagement ses velléités et ses lâches faiblesses. Et ce, parfois, par des “coups” risqués.
Bref, Murielle Compère-Demarcy décale une certaine passivité là où “des chiens rouges se couchent / dans leur sommeil de braise”. La veilleuse aux confins fait encore bonne garde et se lève sur “les barricades mystérieuses du rêve”.
A bons entendeurs d’une telle écriture de feu, adressons notre salut complice.
jean-paul gavard-perret
Murielle Compère-Demarcy, Dans les landes de Hurle-Lyre, Z4 éditions, 39300 Les Nans, 2019, 132 p. — 14,00 €.