Laurent Genefort & Alexis Sentenac, Noô – t.01 : “Soror”

Sur fond de révolte, la découverte…

Dix-huit ans après Odys­sée sous contrôle, Ste­fan Wul revient à l’écriture de SF et pro­pose un luxu­riant roman d’apprentissage qui paraît chez Denoël, dans la mythique col­lec­tion Pré­sence du futur en deux volumes, en 1977. Depuis, ce livre a fait l’objet de réédi­tions mul­tiples et, sous la plume de Laurent Gene­fort, devient un scé­na­rio de bande-dessinée.

Brice raconte ce qui lui est arrivé depuis l’époque où, jeune gar­çon perdu dans la jungle ama­zo­nienne après la mort de ses parents dans un acci­dent d’avion, il a été secouru par un homme étrange. Quand il reprend conscience, il apprend de Jouve Demé­ril, celui qui l’a sauvé, qu’il se trouve sur la pla­nète Soror après un voyage de vingt ans en hiber­na­tion. L’enfant a fait place à un jeune homme.
Jouve était en exil sur Terre. Il est revenu conti­nuer le com­bat, mais il est recher­ché par beau­coup de monde depuis qu’il a ins­piré cette révolte contre le pou­voir en place. Ils doivent rapi­de­ment se perdre parmi la popu­la­tion de la gigan­tesque capi­tale. Brice découvre une pla­nète où tout est nou­veau pour lui. Avec un fami­lier de Jouve, il découvre le Noô, abré­via­tion de noô­zome, une sub­stance aux effets psy­chiques dévas­ta­teurs. Il est entraîné dans une opé­ra­tion si hasar­deuse qu’elle échoue.
Les rebelles doivent fuir, se réfu­gier sur le second conti­nent de la pla­nète. Or, un tel voyage dans des condi­tions nor­males, est déjà dan­ge­reux. Alors, avec les sbires du pou­voir aux trousses…

L’intrigue de Noô s’installe dans un uni­vers cap­ti­vant, où le côté exo­tique et futu­riste est porté à un haut niveau. C’est de la science-fiction à l’état pur, du space opera de haute-tenue. Elle amène à la décou­verte d’un uni­vers par le regard d’un témoin exté­rieur, un témoin qui n’a pas beau­coup de recul n’ayant pas une grande connais­sance du monde qu’il a quitté. Il n’avait que douze ans.
Laurent Gene­fort syn­thé­tise ce roman foi­son­nant, repre­nant les grands thèmes, cepen­dant contraint de lais­ser de côté des idées, des trou­vailles du roman­cier. Il prend en compte des don­nées scien­ti­fiques comme la rela­ti­vité et en tire une scène savou­reuse. Tou­te­fois, nombre de ques­tions res­tent encore sans réponses : l’histoire est pré­vue en trois tomes.

Le tra­vail scé­no­gra­phique mené par Alexis San­te­nac est appro­fondi, pas­sant allè­gre­ment de vignettes inti­mistes à des vues d’ensemble, à des pers­pec­tives ver­ti­gi­neuses. Il pro­pose des plans très rap­pro­chés où les regards sont essen­tiels. La mise en page est dyna­mique, les scènes d’action toniques, elles, ne manquent pas. La mise en cou­leurs est par­ti­cu­liè­re­ment attrayante, ren­dant avec réus­site les dif­fé­rentes ambiances du récit, l’atmosphère des divers décors tra­ver­sés par les pro­ta­go­nistes.
Soror se révèle une belle sur­prise avec une adap­ta­tion réus­sie, car il n’était pas évident de choi­sir parmi le foi­son­ne­ment du roman, et par son gra­phisme impressionnant.

lire un extrait

serge per­raud

Laurent Gene­fort (scé­na­rio adapté du roman de Ste­fan Wul) & Alexis Sen­te­nac (des­sin et cou­leur), Noô – t.01 : Soror, Glé­nat, coll. “Hors col­lec­tion”, août 2019, 56 p. – 14,50 €.

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