Dans ses portraits de trois femmes noires, Hemley Boum ne transige pas, ne cherche pas à complaire et refuse tout exotisme. Elle crée une chronique du temps, prend le monde tel qu’il est mais en cherchant pourtant une lumière pour venir casser ce qui fut dans certaine période de l’Histoire récente de l’Afrique et des exils qu’ils suscitent dans le continent ou au-delà.
Elle propose un regard attentif sur les êtres et ce qui fait leur quotidien. Son travail est aussi pudique que profond et renvoie au réel de manière diffractée. Mais selon une vision très spécifique : “Je me suis longtemps tenue à l’écart de la littérature africaine, j ‘y lisais une injonction qui ne me convenait pas. Les auteurs parlaient à un “moi” intime, eux convoquaient la couleur de ma peau, ainsi qu’une histoire qui me blessait et m’humiliait.”
Face à une certaine esthétique romanesque africo-africaine qu’elle refusa, elle introduit sa propre quête identitaire par l’intermédiaire de ses trois personnages. Pour elle, il s’agit d’une reconquête et d’une authenticité à réinscrire loin des visions caricaturales et sommaires.
L’imaginaire est là, au service d’une complexité humaine.
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jean-paul gavard-perret
Hemley Boum, Les jours viennent et passent, Gallimard, 2019, 368 p. — 21,00 €.