Jean-Claude Bélégou, Le bruissement des eaux vives

Ense­men­cer les ténèbres

Là où tout pour­rait repo­ser immo­bile sous un lin­ceul de givre au moment où les rayons du soleil pâlissent dans le silence et où l’hiver piège l’azur, Jean-Claude Béle­gou oppose aux eaux stag­nantes le mou­ve­ment des eaux vives. Elles ravivent un mou­ve­ment de furie que le réchauf­fe­ment cli­ma­tique à la fois aug­mente et raré­fie.
Dans cette série, les rives sont non nues mais déchar­nées. Des arbres ne res­tent que leurs sque­lettes. Ils contemplent impuis­sants ce qui se passe dans les moi­rures et les plis que l’eau imprime. Une cal­li­gra­phie se trace à l’encre blême de l’eau.
Elle se charge par­fois de cou­leurs et d’éclats d’opale en cer­tains contre-jours.

A l’orée du bois, tout l’espace demeure en sus­pens. Les cou­rants divaguent au milieu des épines. Il suf­fi­rait d’un dieu tout neuf - pas un dieu d’occasion ou celui qui se fit pas­ser pour mort -, il suf­fi­rait qu’il dise : « Que l’Obscure Lumière soit » et d’un coup le pay­sage renaî­trait.
Mais il est déjà phos­pho­res­cent et prêt à ense­men­cer les ténèbres tel que le pho­to­graphe le saisit.

Jean-Claude Bélé­gou, Le bruis­se­ment des eaux vives, www.belegou.org.

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