Hommage à la “petite” Histoire !
Si l’on connaît les grandes opérations, couronnées ou non de succès, qui ont jalonné la Seconde Guerre mondiale, il y a eu place pour des actions à l’échelle de petits groupes ou presque individuelle pour lesquelles l’initiative, l’audace, l’inventivité et l’imagination étaient de mise. L’auteur a retenu 32 de ces opérations réparties en neuf catégories, toutes plus spectaculaires les unes que les autres, voire incroyables.
Mais nombre de ces actions, missions au sens large, ne trouvent pas leur place dans ce dossier par manque de documentation suffisante pour les raconter. C’est le cas de ce bombardement de Berlin par un Français le …8 juin 1940, des exploits extraordinaires accomplis par les Résistants… Les opérations racontées relèvent de nombreux pays, pas seulement ceux des vainqueurs. Ainsi, l’ouvrage s’ouvre sur des biplans à l’assaut de la flotte italienne, sur les torpilles humaines de la Decima Flottiglia MAS commandée par le prince Valerio Borghese.
C’est après la bataille de Guadalcanal qui opposa pendant de longs mois les forces des USA et du Japon que les services secrets déchiffrent un message donnant toute la feuille de route de l’amiral Isoroku Yamamoto venant remonter le moral de ses troupes dans le Pacifique. L’idée de l’éliminer germe.
Hitler, après avoir déclaré la guerre aux USA veut porter la terreur sur le territoire en bombardant des villes américaines. L’opération se révèle quasiment impossible compte tenu des capacités des matériels et des distances. Il fait constituer, alors, un commando de saboteurs, huit hommes dont les seules compétences militaires sont de parler la langue et d’être capables de se fondre dans la population. Mais loin de l’Allemagne et de ses équipes d’endoctrinement, l’un d’eux n’a pas envie de se sacrifier pour le Reich. Il prend contact avec le FBI qui ne le croit pas. Il faudra qu’il insiste plusieurs jours pour les réveiller. Deux agents et une dactylo sont envoyés à son hôtel. Il fera une déclaration de 254 pages à simple interligne, dévoilant tout. J. Edgar Hoover, le grand patron du FBI, utilisera cette confession pour se pousser en avant et présenter ses agents comme des as du contre-espionnage.
Churchill adore les raids et les actions de commando comme les armes et matériels nouveaux. Au début de l’année 1942, arrive sur son bureau un projet qui consiste à empoisonner les pâtures allemandes avec le bacillus anthracis, l’agent de la maladie du charbon, maladie qui touche les animaux et qui est transmissible à l’homme. Celle-ci peut, en décimant les troupeaux, entraîner une famine et causer d’importants dégâts dans les troupes et la population. L’utilisation de la fausse-monnaie est utilisée par l’Allemagne contre l’Angleterre afin de déstabiliser l’économie.
Claude Quétel détaille ainsi des opérations plus ou moins réussies illustrant la prodigieuse capacité de l’homme à détruire ou à verser dans l’opportunisme.
Au fil des récits, ce qui frappe ce sont les aléas auxquels ont fait face les acteurs, les approximations, les retards, dûs aux avaries des matériels, à la météo, l’être humain restant l’élément le plus fiable. L’auteur montre que des individus émergent ainsi de circonstances exceptionnelles, propose une brève biographie des principaux protagonistes, décrit la préparation mais explicite combien que le hasard, la chance sont aussi de grands facteurs de réussite ou d’échecs.
Un ouvrage particulièrement intéressant pour découvrir cette “petite” Histoire, celle qui n’est pas mise à l’honneur, mais qui contribué à être décisive sur certains événements.
serge perraud
Claude Quétel, Les Opérations les plus extraordinaires de la Seconde Guerre mondiale, Éditions Perrin, août 2019, 400 p. – 22,00 €.