Cela n’a jamais été et jamais ne sera, car cela est
Pour Maria Desmée, l’absence est une présence. Non cernable, indéfinie, elle rend inconsolable. Elle entraîne néanmoins l’auteure vers une simplicité d’expression pour la dire. Mais plus encore, en un pas au-delà. Elle se tient au plus bas — à savoir dans l’intimité d’une permanente interrogation sur le fondamental. Il se développe ici en une dualité entre le fini et l’infini, l’être et le n’être pas, le dehors et le dedans “quand les murs s’effritent / Pour s’ajuster au corps / Comme une camisole”.
L’auteure parle toujours des “choses” importantes et qui peuvent se passer, pour les expliquer, de la démence universitaire. Proche d’un Maurice Blanchot, elle ramène à qui nous assiste de sa solitude.
D’où cette voix sans voix qui appelle encore, qui interroge le silence. Maria Desmée sait que l’autre — qui est aussi l’autre partie d’elle-même — sait ou voulut croire qui — quoique ne l’entendant plus — l’entendait encore. Il s’agit de maintenir l’absence (puisqu’une autre solution n’est pas promise) en l’écrivant mais comme devancée d’une réécriture qui réinvente l’instant “présentement présent / Même dans l’absence”.
Restent les fragments qui sont là pour l’accueillir en écho à la phrase de Parménide “cela n’a jamais été et jamais ne sera, car cela est”.
Et c’est ce qui — forcément — libère de la trop longue parole. Les mots retiennent la vie tout en restant “des signes contre l’oubli”.
jean-paul gavard-perret
Maria Desmée, De quelle nuit, éditions Henry, coll. La main aux poètes, Montreuil sur mer, 2019, 94 p. — 8,00 €.
Présence des sensations d’absence, le corps, l’esprit mêlés à la vie submergeante portée par les éléments — nous en sommes– d’oû cette fulgurante présence déferlante en vagues. Très beau présent de lecture. Merci!