Un pur joyau de récit d’aventures
C’est en 1933 que Kong est apparu pour la première fois au cinéma dans un film devenu une référence. Si dans le film, sans “spoiler”, le géant est vaincu, dans l’univers imaginé par Éric Hérenguel, il triomphe et règne sur la presqu’île de Manhattan.
En quelques années, cette zone se transforme, la nature reprend le dessus et, autour du colosse de l’ère préhistorique, se développe toute une flore, toute une faune des âges lointains.
Irvin Stone, un reporter, et Jonas Lazarus Parker, un biologiste, volent en direction de Manhattan, une zone interdite. Ils veulent pénétrer dans la cité en ruines. Irvin prévient Jonas que le danger est très présent car ils vont être sur son territoire.
À la pointe nord du New Jersey, Virgil Price, un jeune pilote, accompagné de Spit, son teckel, se presse. Il fait partie de Kong Crew, le nom donné à l’escadron de l’US Air Force chargé de surveiller Manhattan depuis que la presqu’île a été conquise par Kong, en 1933, forçant la population à fuir.
Au QG, le colonel Pearl, présente la nouvelle mission. Elle consiste à localiser les deux individus qui viennent de s’introduire dans le secteur interdit. À l’issue du briefing, Betty, une jeune et jolie infirmière, apporte un médicament au colonel. Virgil la reconnaît. Il lui avait parlé quand elle manifestait à l’entrée du camp pour la défense des animaux.
Au moment de partir, Virgil se voit attribuer un avion différent de celui qu’il utilise d’habitude, plus lourd, plus lent. Il confie la garde de Spit à Betty. Au cours de la reconnaissance, il est contraint, par la faute d’un autre pilote, de survoler Manhattan Jungle, le territoire du singe géant. Là, l’avion est pris en chasse par un ptérodactyle et il chute…
Avec cette série, le scénariste veut retrouver les récits d’aventures des années 1930 et ses thèmes cinématographiques.Il met en scène, un jeune pilote et un teckel qui, selon lui, est de la race des mini-dinosaures capables de tout manger. Autour des pilotes, il place de jolies jeunes femmes qui donnent lieu à des scènes de concurrence entre les mâles qui gravitent autour. Éric Hérenguel met beaucoup d’humour, tant dans les dialogues que dans les situations, dans la présentation des actions.
Le créateur signe un dessin réaliste aux traits délicats, maniant la couleur avec subtilité. Si les héroïnes sont dotées de mines avenantes et de plastiques attirantes, il soigne particulièrement les décors, réalisant de véritables fresques. Avec son univers préhistorique, il met en action, sur un mode jubilatoire, des animaux et des personnages relevant des bons vieux romans d’aventures de style Alan Quartermain ou Tarzan dont on retrouve tout le dynamisme.
Le scénariste-dessinateur place, de temps à autre, une mini rubrique qu’il intitule Le Saviez-vous ?, où il livre des explications sur le nom de l’escadron, les raisons pour lesquelles les pilotes emmènent toujours du chewing-gum. Un magnifique cahier nommé The Manhattan Gallery complète l’album avec des dessins inédits, des indications sur les principaux personnages et la présentation du concept et études pour l’adaptation de la série en animation.
Un premier tome très prometteur d’une belle série d’aventures dynamiques où l’inventivité le dispute à la créativité.
serge perraud
Éric Hérenguel (scénario, dessin et couleur), The Kong Crew — t.01 : Manhattan jungle, Ankama, octobre 2019, 72 p. – 15, 90 €.