L’impie Cauda opte ici pour une Trinité. Est-elle sainte pour autant ? La réponse est ambiguë. Car quoique peu portée — a priori — sur la spiritualité, dans le jeu (dangereux) que l’auteur lui fait jouer, elle devient une Sainte (Blandine) offerte à un tel lion. Et il n’est pas le seul. Une horde l’accompagne jusqu’à son chevalet — ou ce qui en tient lieu.
Et voici Cauda en digne successeur de Dürer, de Soutine, de Bacon (version hétéro) et d’une lignée de tueurs digne d’un pulp-fiction. L’ogre intarissable et infatigable créateur s’en donne à mâchoire joie.
Parmi les trois femmes qui posent pour lui, Rose a sa préférence. Elle n’est proche de personne mais n’est pas seulement à et pour lui. Il y a du monde au portillon (et ailleurs). L’intarissable doit jouer des coudes pour trouver sa place. Car, afin de la maltraiter, le malotru devient l’âne qui frotte les autres ânes.
C’est la seule solution pour bâter la bâtarde de bouillantes culbutes. Mais le tout sans jamais lâcher le pinceau. Ce qui — et quoique le dressant bien haut — revient à s’apitoyer (égoïstement ?) sur celle qui subit les assauts d’autres fornicateurs féroces.
Dès lors, et si l’amour tue en quelque sorte, Cauda le ressuscite afin que la “suce-dite” permette à l’auteur et peintre d’afficher la couleur.
La raison n’a plus qu’à se remiser sous son propre “maillot endormi” par le joug du gonflé gonfleur et boucher à ses heures.
jean-paul gavard-perret
Jacques Cauda, Sale trine, Editions Furtives, Besançon, 2019.
J’adore la subtilité que JPGP utilise dans ses critiques à propos de Jacques Cauda…
Acerbes, amusantes et tendres à la fois !