Swänn et Sätie sur la planète Näkan, s’apprêtent à une existence équilibrée dans un environnement paisible quand ils sont mobilisés pour l’opération Renaissance. Celle-ci consiste à intervenir sur la planète Terre où l’humanité est en grand péril. Ces extraterrestres “humanitaires” font partie d’une armée qui se déploie sur la planète. Swänn est affecté à la protection des gisements dans une zone connue sous le nom de Texas où il rencontre Liz Hamilton, l’ingénieure en chef d’un site pétrolifère, actuellement en feu. Le vaisseau de Sätie se positionne sur Paris. Elle est médecin. C’est dans ce cadre qu’elle rencontre Hélène, une dame qui semble immunisée contre cette fièvre qui décime les populations.
Bien qu’affichant des intentions pacifiques, les natifs de Näkan subissent l’hostilité des humains, jusqu’à l’agression. Bien que sur Terre depuis deux jours, Swänn doit faire face à beaucoup d’imprévus. Il a des difficultés avec Liz qui, toute à la recherche de sa famille, lui ment et disparaît.
Sätie suit Hélène dans le Haut-Vexin, là où elle a passé son enfance et où elle espère rattraper sa famille. Sur place, ils trouvent une population malade, une épidémie apportée par un jeune garçon venant de la cité Soleil, à Vernon. Mais, si Swänn et Sätie sont foncièrement là pour sauver l’humanité, en est-il de même de leurs gouvernants ? Et qu’elle est l’organisation derrière ces tentatives d’attentats contre les extraterrestres ?
Si le premier tome s’attachait à la présentation du contexte, de la planète Näkan, de la situation terrestre et des premières rencontres, le second entre dans le vif du sujet. Les multiples réactions humaines à la présence de ces extraterrestres sont diverses et variées, le plus souvent hostiles. Et les attaques fusent venant de sources mystérieuses. Si le couple Hélène et Sätie fonctionne bien, Liz et Swänn ont des rapports plus difficiles. Cependant, pour les uns comme pour les autres, les dangers se multiplient.
En plaçant la narration du côté des extraterrestres Fred Duval innove doublement. Peu de récits s’appuient sur des civilisations extérieures et la vision qu’elles ont de l’humanité est déstabilisante. Il développe ainsi des aspects sociaux et politiques intéressants. Cependant, nombre de ces aspects sont voisins ou se rapprochent de ceux que l’on peut connaître. Ainsi, des similitudes se font jour avec les colonisations de l’Afrique, de l’Amérique du Sud… Si, à l’époque, certains humains venaient avec la volonté d’aider, de soigner les populations locales, ils étaient en minorité par rapport aux vautours dont le seul but était le pillage des ressources, des richesses. Mais, n’est-ce pas une situation similaire que Fred Duval expose en inversant les rôles ?
Le choix de la date et la vision catastrophique que propose le scénariste font froid dans le dos. 2084 est si proche, un peu plus de deux générations !
Le dessin d’Emem fait sensation avec la présentation d’une faune et d’une flore extravagantes. Certes, les extraterrestres ont une morphologie assez voisine de celle des humains, mais la différence est notable quant aux matériels et outils dont ils disposent et dont le dessinateur fait une belle présentation. Mais, comme personne, aujourd’hui, n’est capable de donner une image d’un extraterrestre, autant pour une lecture agréable, se rapprocher de ce qui est connu.
Avec ce tome 2, la trilogie prend toute sa puissance. La narration est superbement menée avec des points de vue fort différents, avec un graphisme à la hauteur de l’ambition du projet.
À découvrir sans retard !
serge perraud
Fred Duval (scénario), Emem (dessin et couleur) & Fred Blanchard (design), Renaissance : t.01 – Interzone, Dargaud, septembre 2019, 56 p. – 14,00 €.