Les technologies de demain à l’aune du crime
C’est autour des recherches, des travaux menés à un train d’enfer sur la réalité virtuelle, sur la réalité augmentée, que FM Santucci base une partie de son intrigue (en usant abondamment de termes anglo-saxons, ces expressions qui définissent ces technologies de demain.). Elle développe les concepts sur lesquels travaillent les grandes sociétés leaders dans ces domaines. Elle donne nombre d’explications, cite de nombreuses applications aujourd’hui disponibles ou qui vont l’être bientôt.
Parallèlement, elle fait de l’immobilier sur Los Angeles une autre partie de son récit, ce domaine se prêtant à merveille à nombre de pirouettes illégales donc à nombre de scandales. Elle traite également des motivations de son héroïne, des raisons de sa présence en Californie, retraçant son passé à Abidjan et laissant supposer un drame qui affecte son présent. Ne donne-t-elle pas, dès les premières pages un indice révélateur mais interrogatif ?
Amy Saint est une brillante scientifique, sortie Major de Polytechnique. Après avoir mis son talent au service d’ONG, elle est recrutée par une jeune société spécialisée dans la Réalité Virtuelle. Elle est à Los Angeles pour vendre la nouvelle technologie qu’elle a aidé à mettre au point, mais… surtout pour tuer François.
John Wasser est un jeune journaliste envoyé par son journal, une publication tournée vers les 15–25 pour nourrir la rubrique rap et cinéma. C’est au pied de la fresque de James Dean qu’Amy, distraite, emboutit l’arrière de la voiture de John. Malgré l’accident, il est séduit par Amy.
La réalité virtuelle, la réalité augmentée sont l’objet, à Los Angeles, de recherches frénétiques pour être dans le peloton de tête. Le patron d’Amy l’avertit qu’une société concurrente est sur les rangs pour vendre aux grandes sociétés une application prometteuse. Eliott l’ami de John, un personnage singulier, travaille pour un cabinet d’affaires. Sur le nouveau dossier dont il a la charge, des financements l’intriguent, lui semblent suspects. Il lui demande de fouiller sur Internet, lui qui sait si bien le faire, et pourquoi pas, d’en faire un article.
Amy tombe dans les bras et dans les draps de Roberta, une ex-rédactrice en chef. Celle-ci a quitté sa revue en désaccord avec la ligne éditoriale imposée peu à peu par les nouveaux patrons. Après une sévère traversée du désert, elle est chargée d’enquêter sur les étranges affaires immobilières qui touchent des quartiers entiers.
Comment Amy peut-elle assurer son projet de vengeance, mener à terme son projet professionnel et réussir sa vie amoureuse ?
L’auteure propose des anecdotes relatives à la ville, à son histoire, à des personnages marquants et, en passant, livre quelques points de vue acerbes tant sur des individus que des situations ou des faits de société. Elle porte jugement, taille dans les réputations. Par exemple, bien qu’admirant La Rose pourpre du Caire, ce film de Woody Allen : “…aujourd’hui, elle refusait de voir les œuvres de ce pervers sénile qui, de toute façon, avait perdu son inspiration il y a bien longtemps.“
En début de livre, l’éditeur a eu l’heureuse idée de mettre un plan de Los Angeles, plan fort utile car la romancière décrit avec force détails les différents parcours de ses personnages, les avenues, les boulevards empruntés, les quartiers traversés, les éléments remarquables qu’ils peuvent avoir sous les yeux.
Un roman que l’on parcourt avec intérêt pour ses apports d’informations de toutes natures, pour cette approche de ces technologies qui modifient l’existence, pour sa galerie de personnages haut en couleur.
serge perraud
FM Santucci, Ton monde vaut mieux que le mien, J’ai Lu, coll. “Thriller” n° 12641, juillet 2019, 352 p.- 7,60 €.