Patrick Modiano, Encre Sympathique

Mémoire para­doxale

C’est à la for­mule de Nietzsche “Qu’il existe un oubli, la preuve reste à faire” que le “je” nar­ra­teur amné­sique du der­nier livre de Modiano s’attaque.
Au-delà d’indices qui se retrouvent sans valeur, ce héros en défi­cit de mémoire ose sa part de dérai­son pour cas­ser la forme d’énigme que l’enquêteur pré­serve et redouble en la déchiffrant.

Le lan­gage per­met de retrou­ver ce qui ne fut jamais ins­crit sinon à l’ “Encre Sym­pa­thique” d’un genre par­ti­cu­lier. Car le non écrit ou caché laisse une trace. Elle en vient à se construire par un opé­ra­teur qui la lisse ou s’en enduit dans l’abîme dédou­blé du je par la perte de mémoire.
Sans se figer dans un “moi cer­tain” dont parle Blan­chot duquel tout ordre revient, l’oubli tra­vaille à la façon d’un néga­tif pour se res­tau­rer en mémoire para­doxale. Mais mémoire tout de même.

Une fois de plus et en ses jeux de varia­tions, Modiano prouve que l’oubli pré­cède la mémoire voire la fonde comme ombre anticipatrice.

feuille­ter le livre

jean-paul gavard-perret

Patrick Modiano, Encre Sym­pa­thique, Gal­li­mard, coll. Blanche,  Paris, 2019, 144 p — 16,00 €.

1 Comment

Filed under Romans

One Response to Patrick Modiano, Encre Sympathique

  1. Pingback: #PartageTaVeille | 02/10/2019 – Les miscellanées d'Usva

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>