Comme Virginie Girod, nous avons lu, adoré, médité Suétone pendant nos années estudiantines. Sa Vie des douze Césars, travail à la fois historique et propagandiste, alimenta cependant bien des légendes. C’est la raison pour laquelle la confrontation avec les avancées historiographiques permet de jeter un regard nuancé sur ces personnages, certains fascinants, d’autres écœurants.
Virginie Girod se livre donc à l’exercice et régale ses lecteurs de ces récits nous plongeant dans le cœur du pouvoir impérial de Rome, dans des vies bien souvent mouvementées et jalonnées de sang et dans la psychologie complexe de ces hommes et ces femmes en vérité mal connus.
Le livre nous permet tout d’abord d’y voir plus clair dans les subtilités de la dynastie des Julio-Claudiens où la succession ne se fait pas selon les règles huilées de la primogéniture mâle. Entre adoptions et meurtres, la route est longue vers la pourpre et on s’aperçoit que les multiples intrigues de palais au Palatin ne relèvent pas du mythe.
Ensuite, Virginie Girod tente, autant que les sources le lui permettent, d’entrer dans la psychologie des personnages, accordant une grande importance à l’environnement familial dans lequel des hommes comme Tibère ou Néron ont grandi, à l’influence de leurs parents et à leurs fragilités. On ne peut comprendre Caligula ou Néron sans passer par l’étude de leur enfance respective. Les femmes, on le voit, jouent un rôle déterminant dans ces parfois sanglantes affaires.
Enfin, il apparaît clairement à la lecture de ce livre que tous ont, à des degrés divers, connu l’ivresse du pouvoir, à la tête d’un empire aux dimensions du monde. Certains s’en sont servi pour la gloire de Rome, d’autres pour la leur.
Tous semblent en réalité bien seuls, enfermés dans la solitude d’un pouvoir effrayant. César est toujours seul.
frederic le moal
Virginie Girod, La véritable histoire des douze Césars, Perrin, 2019, 407 p. — 24,00 €.
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