Madame de la Carlière (Denis Diderot / Hervé Dubourjal)

Un théâtre d’acteurs 

Alle­gro ma non troppo. Le début des Quatre sai­sons de Vivaldi accueille les per­son­nages sur le pla­teau. Ils bati­folent, brossent le tableau, de fait s’intéressent à une toile, mani­pulent quelques vête­ments, avant de fina­le­ment défi­nir leur sujet : il s’agit de l’histoire d’une infi­dé­lité, du blâme de la dame qui la condamne sans appel.
Le ton est léger, mais l’auteur fus­tige les varia­tions de la rumeur publique d’abord convain­cue de l’excessive sévé­rité d’une femme qui répu­die son mari pour trom­pe­rie, puis condamne l’attitude de celui-ci. Hervé Dubour­jal a consi­dé­ra­ble­ment modi­fié le texte de Dide­rot : d’un conte un peu linéaire, avec des consi­dé­ra­tions de phy­sique, il fait une com­pi­la­tion amu­sante des textes de l’auteur, en don­nant du relief à l’entretien des deux com­plices : l’une sait plus que l’autre, mais celui-ci repro­duit les juge­ments publics.

L’auteur a cher­ché à déployer plu­sieurs aspects de la rela­tion entre les pro­ta­go­nistes de la pièce : ils sont amants, ils sont nar­ra­teurs, ils sont com­men­ta­teurs, ils sont per­si­fleurs, ils sont pen­seurs, selon les nom­breuses incises dont ils agré­mentent l’histoire… Avec cette palette de réso­nances, les deux comé­diens s’en donnent à cœur joie, témoi­gnant de leur brio.
On assiste à une per­for­mance tem­pé­rée, certes vivace, très XVIIIème siècle, embal­le­ment du clas­si­cisme. Il en est comme si des musi­ciens fai­saient leurs gammes, qu’ils maî­trisent par­fai­te­ment. La repré­sen­ta­tion est nour­rie et plai­sante, mais elle n’a pas le charme de l’invention. Nous sommes sus­pen­dus au jeu maî­trisé et irré­pro­chable des acteurs, mais res­tons sur notre faim concer­nant la scé­no­gra­phie et l’œuvre présentée.

chris­tophe giolito

 

Madame de la Carlière

de Denis Diderot

Adap­ta­tion et mise en scène : Hervé Dubourjal

© Jan Malaise

Avec Caro­line Sil­hol et Hervé Dubourjal

Décor Verani père et fille ; lumières Yves Angelo ; bande-son Jean-Christophe Denis.


Au Lucer­naire 
53, rue Notre-Dame-des-Champs 75006 Paris

Du 28 août 2019 au 03 novembre 2019

Du mardi au samedi à 20 h, le dimanche à 17 h

Relâches excep­tion­nelles les 21 et 22 sep­tembre 2019

Ren­sei­gne­ments et réser­va­tions : 01 45 44 57 34

www.lucernaire.fr Durée : 1h 15

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