Les poèmes minimalistes d’Etienne Paulin possèdent une puissance sourde. C’est un peu comme le regard sur une boite vide pour voir ce que, paradoxalement, elles cachent.
Bref, ces poèmes discrets hantent obstinément.
Et il convient de savoir si nous pourrions tenir dans ce “là” ou, à l’inverse, si nous pourrions le remplir entre désarroi, attente, surprise, et inquiétude. Le poète les fait partager. Car dans ce “vide” s’inscrit possiblement un nombre d’or.
Cette hypothèse permet au lecteur de revenir encore et toujours au peu qu’il est. Là où il semble bien que les jours soient sinon saignés du moins laissés à blanc.
Ce “Là” est donc l’ici même d’une empreinte dans une géologie de ce qui fait et défait le corps en son rapport à lui-même, à l’autre et au monde. “Là” où justement une existence défective, déceptive (a priori) et livide résiste.
Et ce, malgré une origine perdue qui ‚de toute façon, ne console jamais de ce qui a été vécu ou le sera si peu. Ou si mal.
Mais un espoir persiste.
Jean-Paul Gavard-Perret
Etienne Paulin, Là, Gallimard, collection Blanche, 2019.
La simplicité possède un caractère inépuisable. Comme le murmure que revendique Breton, cette source de toute poésie. Dans ses poèmes, Étienne Paulin se confesse au réel qui en échange lui révèle ses évidences secrètes.