Quandd la sophistication remplace la raison
Wiktor Stoczkowski prouve combien chez Durkheim la pensée sociologique devint une approche “neurasthénique proposée par un neurasthénique”. L’essayiste rappelle aussi combien sa cosmologie n’a rien d’astrophysique : c’est une représentation globale du réel à partir du grand système philosophique de l’univers instauré par Kant sur lequel le sociologue fonde son système dépressionnaire à souhait.
Mais par-delà le cas précis de l’inventeur de la sociologie, l’auteur offre une mise au point précise sur les sciences sociales naissantes et leurs explications. Elles créent des sortes de théories laïques de salut qui prendront –hélas !- toutes leurs forces au XXème siècle en remplaçant Dieu par l’homme rouge ou brun…
L’essayiste applique ses grilles d’analyse à la fin du livre aux descendants (Levi-Strauss, Bourdieu et Bruni-Latour) de Durkheim. Elles deviennent des schèmes efficaces portés sur leur théorie de la chose humaine et leur vision du monde.
Les théories de ce trio sont parfois pseudo-scientifiques. Les mots des normations pour des normalisations discutables créent “des fulminations antiphilosophiques” et selon Stoczkowski, à travers elles, de tels penseurs déploient une forme d’indigence pour ne pas regarder la leur.
Cette déformation chère aux normaliens sûrs de leur savoir n’est pas neuve. Cette dialectique discutable, l’essayiste la remonte.
Il pratique de même quant aux applications d’un “habitus” déformatif à plus d’un titre là où la sophistication remplace la raison.
jean-paul gavard-perret
Wiktor Stoczkowski, La science sociale comme vision du monde, Gallimard, Paris, 2019.
merci pour larticl
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