L’Epée : ardente et diabolique
La comédienne chanteuse A avait découvert les Limiñanas dans une série TV. Elle décida de les rencontrer au moment de l’enregistrement de leur « Shadow People » et fut invitée à chanter sur le titre éponyme. Ensemble, ils se mettent à travailler sur ce qui au départ devait être un album solo d’Emmanuelle avec des textes de Lionel et de l’écrivain-artiste Bertrand Belin.
Il ne manque qu’une chose : la production. L’Américain Anton Newcombe (leader des “Brian Jonestown Massacre”), proche des Limiñanas, fera plus que l’affaire.
Il lance l’idée du groupe et le baptise “L’Epée” (“titre tranchant qui anoblit et coupe aussi les têtes” précise-t-il). Le groupe a déjà publié un EP mais leur premier album Diabolique paraît début septembre sous l’ombre tutélaire de Lou Reed auquel fait référence un titre de l’album (“Lou”). L’ensemble est résolument rock, punk et psychédélique.
S’y discernent des rappels des New York Dolls avec renforts de distorsions, mellotron et percussions nerveuses qui contredisent astucieusement le chant d’Emmanuelle Seigner. Sa voix sert parfaitement les textes de Bertrand Belin et leur façon de rythmer les mots.
Fidèle à leurs principes, les Limiñanas continuent un travail de volontaire bricolage : Marie joue une batterie ultra-primitive, et Lionel de la guitare “comme je peux” dit-il. Voire… Car sous l’apparente non maîtrise et la présence de Newcombe qui sait se servir de toutes les erreurs, les accidents possibles le groupe crée un album hors zone, libre et jouissif.
Preuve que si l’Epée fait dans le saignant, le groupe ne refuse en rien la tendresse et le jeu.
jean-paul gavard-perret
L’Epée, Diabolique, label Because, 2019.