Julien Boutreux, Cinquante vues du Serpentaire

En avant, doute !

Au besoin, Julien Bou­treux n’hésite pas à jouer les titans et ce, dans le monde pre­mier où jadis “l’humanité essaima dans les galaxies du Ser­pen­taire”. Et plus exac­te­ment sur “une grosse pla­nète jaune et froide”. Pour autant, l’auteur ne se veut pas le chef de file de cette colo­nie péni­ten­tiaire. Il est presque le din­don de sa farce fris­son­nante — d’autant qu’on craint pour sa peau. Sur­tout si l’on a un peu de com­pas­sion pour les écri­vains.
Et prin­ci­pa­le­ment pour celui qui ne mène pas ses lec­trices et lec­teurs en bateau sinon sur la nef inter­ga­lac­tique et du fou qu’il feint d’être. Pas ques­tion de res­ter per­plexe face à un tel voyage ou à cette odys­sée de l’espace. N’étant en rien cano­nisé ou léga­lisé par la col­lec­ti­vité qui le jouxte, le tita­nique ne joue pas le fan­fa­ron.
Son aven­ture est soeur (non Sou­rire) du dan­ger. Et même si elle est le fruit d’une saine révolte, tout n’est pas rose mais rouge sang : “j’ai failli rôtir sur une broche et ser­vir d’amuse-gueule à un ogre”.

Ce qui semble un comble pour notre sombre héros. Il est vrai qu’il affronte des globes — et non seule­ment ocu­laires — déme­su­rés qui crèvent la stra­to­sphère. Dès lors, c’est sou­vent le “en avant, doute !” et le “cou­rage fuyons” qui dominent. Non que l’auteur pos­sède la han­tise du faux-pas et cultive la pétoche. Un simple prin­cipe de sécu­rité prime dans cette tra­ver­sée des mondes là où, avant son arri­vée, l’humanité n’existe peut-être plus.
En tout état de cause, la cos­mo­lo­gie de Bou­treux dépasse celles connues jusque là et que recensent péni­ble­ment les pré­cis scien­ti­fiques. L’auteur devient auteur de science-fiction à plu­sieurs registres, temps et galaxies.

Son uni­vers contient le para­doxe ultime ; il est vide mais contient toutes les élé­ments inter­stel­laires, les nations, les guerres et les croyances.
De quoi don­ner la même migraine qu’éprouve l’auteur dans cette apo­ca­lypse, miné­rale, végé­tale, ani­male et sur­tout humaine, trop humaine.

lire notre entre­tien avec l’auteur

jean-paul gavard-perret

Julien Bou­treux, Cin­quante vues du Ser­pen­taire, , Edi­tions Z4coll. Bleu-Turquin diri­gée par Jacques Cauda, 2019, 80 p. — 11,00 €.

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Filed under Poésie, Science-fiction/ Fantastique etc.

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