Redevenir adolescent frondeur
Au sortir d’une expérience traumatisante où il frôla la mort mais en entrant à l’inverse dans une période intime apaisée, Jean-Luc Parant propose un livre inattendu. Son titre semble indiquer un message politique. Certes, sont suggérées des problématiques du temps, mais les “réponses” que propose l’auteur n’ont rien d’un engagement basique. Elles recèlent une vision qui passe à un degré supérieur là où la vie et les sociétés découlent d’un “grand voyage”.
L’espace n’est plus limité par les frontières et même “les lignes d’horizon qui encerclent la Terre”. Le livre devient un gouffre instrumental habilement souligné par les dessins de Mark Brusse et les textes de Marielle Macé et Kristell Loquet qui, implicitement, est au coeur du livre et de sa pensée.
La cosmologie dépasse largement ici les visions kantiennes. Elle donne place à une cosmogonie propre aux premières descriptions scientifiques de l’univers. Et soudain la perspective “parantienne” change. Il ne s’agit pas d’asseoir les yeux dans un jeu de répétition comme l’artiste et poète le fit longtemps. Ici il le subsume.
Il devient moins convulsionnaire et répétitif. Il n’est plus déchiré entre la tradition qui l’a formé et le monde nouveau qui s’ouvre à lui, qu’il cherche à ouvrir aux autres. Bref, Jean-Luc Parant n’est plus happé par le néant (fût-il) divin et vers la fin d’un monde que beaucoup promettent et promeuvent.
L’auteur est habité par une idée forte et brûlante de la liberté, si bien que, notre corps, “la lumière l’aura traversé, tous les soleils le traverseront”. Et qu’importe si nous retrouverons ensuite “en un trou noir sans fin”. Il y a belle lurette que Parant l’a comblé de ses boules.
D’une certains manière, il peut jubiler non seulement sur la Terre mais un pays où tout est permis à celui qui redevient adolescent frondeur.
jean-paul gavard-perret
Jean-Luc Parant, Nous sommes tous des migrants, dessins de Mark Brusse, L’Atelier Contemporain, Strasbourg, 2019, 96 p. — 20,00 €.
Jean-Paul , Jean-Luc et même Kristell sont des extraterrestres qui légitiment notre condition . Les dessins , les boules et les mots s’agglutinent autour du nouveau monsieur Parant qui devient , Ô belle surprise , migrant post traumatique .
Pingback: #PartageTaVeille | 17/09/2019 – Les miscellanées d'Usva