Quelques notes de musique, qui se font graves, installent avec mesure un climat sobre dans un décor minimaliste, constitué de quelques toiles suspendues de part et d’autre de la scène. Elles sont le support de projections lumineuses élémentaires, des carrés les plus souvent. Un seul comédien prend en charge successivement les rôles d’Albine, d’Agrippine, au risque de décontenancer un peu le public s’attendant à une succession de dialogues.
Seule une étole rouge permet à Philippe Lebas de modifier son apparence pour incarner les différents personnages. L’acteur effectue l’exercice avec brio, sans toutefois éviter une certaine monotonie due au relief réduit des scènes, dont il doit assumer seul l’animation.
On se laisserait gagner par la lassitude de voir un homme – aussi brillant fût-il – aux prises avec ce monument littéraire, n’étaient de sensibles variations, qui viennent animer la représentation. Des illustrations sonores viennent ponctuer les articulations de la pièce. Christine Joly, qui met en scène Philippe Lebas, vient jouer Agrippine lors du quatrième acte.
La prise de pouvoir de Néron est présentée à travers une vidéo qui domine la scène, présentant l’Empereur autocrate par le biais d’un Deus ex machina. L’intérêt de la représentation consiste à déplacer l’attention des atermoiements de Britannicus et d’Agrippine vers la montée en puissance de Néron.
Une lecture audacieuse de la pièce comme un trompe-l’œil, perspective intéressante, mais tenant plus de la performance dramatique que de la révélation d’un texte.
christophe giolito
Britannicus
de Jean Racine
par Christine Joly
Avec Philippe Lebas, Christine Joly, mise en scène Christine Joly.
Scénographie François Cabanat ; costumes Dominique Bourde ; lumières François Cabanat et Cyril Givort ; création sonore Jules Jacquet ; vidéo Bernard Malaterre.
A l’Artistic Théâtre, 45 bis rue Richard Lenoir 75011, du 11 juin au 31 juillet 2019, mardi 20h ; mercredi, jeudi 19h ; vendredi 20h30 ; samedi 18h ; dimanche 16h.