Les tourments fades de la femme-enfant
A près de cinquante ans, la chanteuse désormais mûre de “Blonde Redhead” sort son premier album solo avec la collaboration de Ryûichi Sakamoto. L’album se veut contemplatif et méditatif.
Mais en 9 morceaux et un peu plus de 40 minutes, l’artiste propose un piège à nigauds. Est-il possible de s’en passer ? Sans doute. Sauf à en croire la critique française prête à donner à cette production le titre de disque de l’année.
Sans être du grand n’importe quoi (ce qui serait méchant), l’album est au mieux anecdotique en dépit ou à cause des effets saccadés ou languissants de la voix aigüe de l’artiste. L’album opte en théorie pour une noirceur vaporeuse dans un protocole compassionnel évident.
Certes, il y a là une certaine élégance pointilliste mais au seul profit d’une pop “main stream”. Les effets oniriques restent ce qu’ils sont : des effets. Si bien que la frontière entre le lancinant et le barbant est vite franchie.
Il existe bien ça et là quelques trouvailles “hoquetteuses” mais l’orchestration est souvent prétentieuse, tout juste bonne à fabriquer une sorte de bande-son de film vaguement romantico-érotique. Kazu Makino se veut transgressive mais elle ne fait que caresser du fantasme dans le sens du poil ou plutôt sur des peaux épilées.
Bref, cet album de femme enfant (un poncif gainsbourgien cultivé d’ailleurs par sa famille) est plus racoleur qu’érotique. C’est parfois volontairement endommagé, cassé, traffiqué mais l’ambition capote dans un “ambiancement” pâlot avec parfois une certaine justesse mais le plus souvent des poses.
jean-paul gavard-perret
Kazu Makino, Adult Baby, Adult Baby Records, 2019.
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