Guillaume Nicloux, Thalasso

La sin­cé­rité jusqu’aux larmes

Guillaume Nicloux, après L’Enlèvement de Michel Houel­le­becq et The End avec Depar­dieu retrouve l’écrivain et l’acteur. Il les fait se ren­con­trer lors d’une cure de Tha­lasso à Cabourg. Le duo tente de sur­vivre au régime que l’établissement entend leur impo­ser. Ils vont s’en abs­traire (mais le spec­ta­teur s’en dou­tait) en divers dérives…
Tha­lasso devient dès lors un par­fait exemple de l’anti-cinéma. Et c’est ce qui en fait le charme absurde. Nicloux une nou­velle fois et grâce à ces nou­veaux Lau­rel et Hardy montre que le cinéma n’est pas for­cé­ment un art construit et cadré. Le scé­na­rio est inexis­tant. Et la direc­tion d’acteurs tout autant. Les deux héros livrés à eux-mêmes s’expriment sur tout ou n’importe quoi.

L’ensemble fonc­tionne pour peu que le spec­ta­teur se prête à cette mani­pu­la­tion. Elle est le par­fait opposé du “Vive le cinéma !” cher à Taran­tino et son sens du spec­tacle. Les deux acteurs ne sont plus des héros de fic­tion : ils sont eux-mêmes ou du moins ce qu’ils entendent don­ner de leur image en se pre­nant au besoin les pieds dans cette aven­ture impro­bable tout en se lais­sant aller à une forme de sin­cé­rité. Jusqu’aux larmes. Dans le genre, c’est bien.
Les deux “actants” demeurent qui ils sont et ce qu’ils repré­sentent. Ce qui implique peut-être un cer­tain cou­rage afin d’afficher à la fois un non-conformisme et un désir d’institutionnalisation dont ils jouent et pro­fitent en deve­nant jouis­seurs et vic­times consentantes.

Chacun connaît à la fois leur rôle ambigu de trou­blion et de star people. Ce qui n’enlève rien à ce que Houel­le­becq et Depar­dieu repré­sentent. Dès lors, et quoiqu’apparemment anec­do­tique, ce film res­tera un témoi­gnage sur deux his­trions qui, à leur manière, sont irré­cu­pé­rables et incon­tour­nables.
Le tout au sein d’une mise en scène qui rem­place celle du film. Elle donne à cette fan­tai­sie un inté­rêt qui pren­dra sa force au fil du temps par la pré­sence des deux fomen­teurs d’un “carpe diem”. Il est pra­ti­qué entre un art de leur propre repré­sen­ta­tion et leur façon d’être au monde et de vivre.

jean-paul gavard-perret

Tha­lasso
De : Guillaume Nicloux
Avec : Gérard Depar­dieu, Michel Houel­le­becq, Maxime Lefran­cois 
Genre :  Comé­die dra­ma­tique
Date de sor­tie : 21 août 2019

Durée : 1H33mn

Synop­sis
Cinq années ont passé depuis L’Enlèvement de Michel Houel­le­becq. Michel et Gérard Depar­dieu se ren­contrent en cure de Tha­lasso à Cabourg. Ils tentent ensemble de sur­vivre au régime de santé que l’établissement entend leur impo­ser. Alors que Michel est tou­jours en contact avec ses anciens ravis­seurs, des évé­ne­ments impré­vus viennent per­tur­ber leur programme…

Leave a Comment

Filed under cinéma

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>