Jean-Michel Esperet fait état des modifications des temps et de leur fil — depuis diverses philosophies jusqu’à la bande dessinée. Bref, de toutes les activités cérébrales qui jusque là touchaient l’humanité. Mais l’ensemble capote au nom d’une pathologie programmée (c’est le cas de dire) : celle d’un mutisme du sujet qui, devenant geek, n’a jamais été à la fois moins “je” et plus assujetti.
Il n’est même plus un autre mais juste un machin, une machine, un “Schtroumpf gris bleu” pianotant et prouvant que la dématérialisation des archives n’est que le prélude à la nôtre. L’auteur met à nu tous les traitements de texte eugénistes et les manipulations genrées de nos centrifugeuses de données immédiates de ce que nous prenons pour notre conscience. Devant cet état de fait, le Diable n’est plus “Kill Bill”.
Il n’a plus rien à faire puisque nous pratiquons notre enfer et notre parturition sans nous faire de bile. Mais qu’on se rassure, si l’humain trop humain et numérique n’est pas digne de ce qu’il fut, Dieu ne l’est pas plus.
Faible consolation.
jean-paul gavard-perret
Jean-Michel Esperet, Diabolus in futuro — Elégie, Edilivre, Saint Denis, 2019, 128 p. — 12,50 €.
Les mots justes et toujours séduisants de JPGP sur son alter ego JME .
Pingback: #PartageTaVeille | 31/08/2019 – Les miscellanées d'Usva