Après la réprospectives des photographies d’Adami des années 60–70 il y a huit ans, la Galerie Templon nous ramène aux acryliques des années 80, c’est-à-dire au moment où l’artiste développe sa propre norme en art sans tenir compte de toute la hiérarchie des esthétiques de l’époque.
En conséquence, nous ne pouvons pas complètement comprendre l’art des années 80 sans ce retour à l’Italien, à sa peinture aussi littéraire et livresque que profondément picturale et graphique là où l’équilibre est parfait entre le dessin et la couleur.
En outre et par la bande (à tous les sens du terme), Valerio Adami montre l’évolution philosophique, idéologique et plastique de son époque. Le symbole par la grâce du portrait, ne prêche pas : il témoigne selon un principe d’immanence interne à l’oeuvre en liaison avec la société de l’époque et ses piliers idéologiques (Freud et bien d’autres).
Adami a su attirer l’attention sur le monde tel qu’il est par ses plans optiques inégalés et totalement originaux — même si peut se reconnaître chez le plasticien un cousinage avec un certain surréalisme et le travail de De Chirico.
Ajoutons — et l’exposition le prouve — que ces peintures n’ont pas vieilli. D’un siècle à l’autre, d’un millénaire à l’autre leur cadence suit son cours. Les retrouver est un bain de jouvence qui ne caresse pas lâchement la nostalgie. Le plaisir esthétique de l’oeuvre n’a rien de compassé.
Les transpositions du concret et des apparences dévoilent une évolution de l’art qu’Adami réinvente. S’y retrouve ou s’y renouvelle la force qui barre la route à toute causalité mécanique.
La structure de chaque toile touche à une problématique de la pensée comme de la société. L’oeuvre en fut une critique et les déplacements produits par les notions de forme et de couleur gardent leur acuité et une énergie enjouée très spécifique à la frontière des rêves et du sens clair.
jean-paul gavard-perret
Valerio Adami, Les années 80, Templon, Paris / Beaubourg, du 7 septembres au 19 octobre 2019.