David Chauvel & Roberto Ali, Le Masque aux mille larmes – t.01 : “La Mort marche avec moi”

Une nou­velle approche du mythe d’Orphée

David Chau­vel prend pour cadre de son récit un Japon médié­val qu’il revi­site, jouant avec les légendes, un thème mytho­lo­gique et la grande aven­ture où se mêle amour et action. Il donne, contrai­re­ment à ce qu’on pour­rait ima­gi­ner (sans cepen­dant cher­cher des réponses ou des indi­ca­tions his­to­riques), une large place aux femmes. Il les fait béné­fi­cier d’une large auto­no­mie et d’une grande liberté.
C’est ainsi que l’héroïne s’oppose à ses parents et décide d’aller cher­cher ce masque qui l’obsède depuis qu’elle a entendu par des conteurs iti­né­rants, le contexte dans lequel il a été créé… mal­gré le prix à payer.

Dans la plaine de Mizu­shiro, les restes de l’armée du clan Zuni sont pour­chas­sés par l’armée du clan Gaïu. Pour échap­per aux pour­sui­vants, le géné­ral donne l’ordre, à un groupe de lan­ciers, de tuer ceux qui ne vont pas assez vite. Koburo, dans un groupe qui traîne un blessé, ne se couche pas rapi­de­ment pour faire le mort. Il est tué par un lan­cier.
Des pay­sans écument le champ de bataille essayant de récu­pé­rer des biens qu’ils pour­raient revendre. Les sol­dats, pour­tant des pay­sans comme eux, ont pillé le vil­lage ne lais­sant rien à man­ger. Sur­vient Sodakïo, une jeune femme qui cherche son fiancé. Quand elle le trouve, elle s’effondre sur son corps. Elle a besoin d’aide pour l’emmener jusqu’au vil­lage et l’inhumer. Elle s’offrira en récom­pense à celui qui l’aidera. Masa­mura, un jeune homme se pro­pose. C’est un fameux bavard qui, en che­min raconte sa vie.
Au vil­lage, après avoir pré­paré la céré­mo­nie, elle le rejoint pour rem­plir sa part du mar­ché. Mais Masa­mura refuse. Elle lui explique alors qu’elle va faire revivre son fiancé grâce au masque aux mille larmes. Celui-ci per­met de reprendre les morts et de les rame­ner parmi les vivants. Il pro­pose de l’accompagner dans son long voyage vers les sources blanches, un voyage périlleux. Elle refuse sèche­ment car elle veut par­tir seule avec la mort qui marche avec elle. Mais Masa­mura est entêté. Aussi quand elle est mena­cée par une bande de chiens sauvages…

Chau­vet asso­cie à cette belle héroïne un jeune pay­san à la langue bien pen­due, à l’attitude cepen­dant réser­vée. Il ne pro­fite pas de l’occasion qui lui est offerte sur un pla­teau, occa­sion qu’aucun des “queu­tards” qui sont débus­qués actuel­le­ment n’auraient laissé pas­ser. Il y a chez ce gar­çon une atti­tude de preux che­va­lier au ser­vice de sa dame. Et il ira très loin dans ce ser­vice…
Le des­sin de Roberto Ali fait mer­veille pour les gros plans des per­son­nages quand il détaille le visage et les expres­sions. Il excelle dans la créa­tion d’un décor essen­tiel­le­ment rural, pro­po­sant forêts et larges pano­ra­mas. Le rendu des com­bats et des actions est dynamique.

Un pre­mier volet d’un dip­tyque atta­chant avec cette ver­sion fémi­ni­sée de la quête mytho­lo­gique d’Orphée, ce poète des­cendu aux enfers pour en arra­cher Eurydice.

serge per­raud

David Chau­vel (scé­na­rio), Roberto Ali (des­sin), Wal­ter (cou­leur), Le Masque aux mille larmes – t.01 : La Mort marche avec moi, Dar­gaud, août 2019, 64 p. – 14,99 €.

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