Olivier Bocquet & Brice Cossu, FRNCK – t.05 : “Cannibales”

Que faire pour ne pas être mangé ?

À la fin du cycle pré­cé­dent, pen­dant l’éruption du vol­can, Gar­gouille, le bébé de Jus­tine et Gérard, est parti en com­pa­gnie de Léo­nard pour le XXIe siècle. Ils se retrouvent dans l’orphelinat. Tout est nou­veau pour eux, la façon de se conduire, de se nour­rir, de se vêtir…
Sur le tronc d’arbre où la tribu a trouvé refuge, ils dérivent sur le fleuve sans savoir où ils vont. Ils ont emmené Pep­pe­roni qui était dans la caverne et a reçu une pierre sur la tête. Tout le monde est per­suadé que Franck a aban­donné le bébé et Léo­nard. Il a beau expli­quer que s’il est res­sorti seul, c’est parce qu’ils sont par­tis pour l’époque d’où il vient. Per­sonne ne maî­trise les concepts pour croire une telle his­toire.
Ils sont sou­dain atta­qués par un monstre qui met tout le monde à l’eau. Alors qu’au terme d’une bataille dan­tesque, tous sont éjec­tés sur la rive par les sou­bre­sauts du monstre à l’agonie, Franck, qui ne sait pas nager, a coulé. Il reprend connais­sance grâce aux soins d’un adulte qui lui res­semble et qui veut lui don­ner trois ins­truc­tions capi­tales… Celui-ci dis­pa­raît et Franck, qui ne peut rejoindre la rive en face est cap­turé, avec Pep­pe­roni, par des cannibales…

En lâchant un ado­les­cent d’aujourd’hui dans une Pré­his­toire qui reste à inven­ter, l’idée de base de cette série est par­ti­cu­liè­re­ment inté­res­sante et inno­vante. En effet, si l’on peut appré­hen­der le mode vie des très anciens ancêtres dans les grandes lignes, le quo­ti­dien reste sujet à sup­pu­ta­tions, à hypo­thèses. Il fal­lait donc créer un exis­tant et le faire décou­vrir à cet ado­les­cent qui avait perdu tous ses repères.
On pou­vait craindre tou­te­fois que le récit s’épuise, se délaie, que les auteurs arrivent vite au bout du pos­sible. Or, il n’en n’est rien ! Au contraire, après un pre­mier cycle où les aven­tures de jeune Franck furent aussi nom­breuses que ses décou­vertes, les auteurs entament une suite tou­jours aussi ima­gi­na­tive, fer­tile en rebon­dis­se­ments de toutes natures, boos­tée par la mise en œuvre de déca­lages entre le vécu des deux époques et par un humour omniprésent.

Olivier Boc­quet intro­duit sans cesse de nou­veaux élé­ments d’intrigue, jouant éga­le­ment sur le voyage dans le temps. Brice Cossu met en images une Pré­his­toire aux décors fabu­leux, avec une faune, ins­pi­rée des meilleures sources, et une flore sur­abon­dante. Les actions, très nom­breuses, sont relayées par un des­sin dyna­mique, d’une grande pré­ci­sion.
Les fuites, les com­bats sont l’occasion de démon­trer tout l’énergie induite. Il suf­fit, pour s’en convaincre, de voir les quelques pages de la bataille contre le monstre aqua­tique. Les popu­la­tions d’autochtones sont for­mi­da­ble­ment cam­pées et d’une belle expressivité.

Ce des­sin est valo­risé par la mise en cou­leurs de Yoann Guillo qui excelle à défi­nir des atmo­sphères propres à chaque situa­tion.
Un beau départ pour un nou­veau cycle qui sera, à n’en pas dou­ter, tout aussi sédui­sant que le premier.

serge per­raud

Oli­vier Boc­quet (scé­na­rio), Brice Cossu (des­sin) & Yoann Guillo (cou­leurs), FRNCK – t.05 : Can­ni­bales, Dupuis, juin 2019, 64 p. – 10, 95 €.

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