La protection des données informatiques, la sécurité des serveurs et des réseaux sont devenues en quelques années, une préoccupation essentielle des Etats, des entreprises, voire des particuliers. Les attaques contre des sites sont de plus en plus fréquentes, de plus en plus performantes, mises en place par des Etats voyous qui voient un intérêt dans la désorganisation qui s’en suit.
Pourquoi, alors ne pas en faire un thème d’intrigue pour des thrillers sachant que les situations envisagées dans ce domaine, même par la plus folle imagination, seront toujours en retard par rapport à la réalité ?
L’histoire qui va mettre en scène Kurt Austin et son ami Joe Zavala trouve ses racines en Afrique du sud le 25 juillet 1909. Une opération de police, destinée à anéantir un gang violent, échoue. Deux jours plus tard, le chef de la bande, Gavin Brévard, pirate le Waratah, le navire qui fait route, en pleine tempête vers Cape Town. Mais il sait qu’il est attendu par la police. C’est du SS Harlow, qui fait route dans la même tempête, dix minutes devant, que le capitaine et son second voient deux flashes violents. Le Waratah ne rejoindra jamais aucun port et toutes les recherches resteront infructueuses.
Dans l’océan Indien, de nos jours, Kurt et Joe, en mission pour la Numa sur le Condor, viennent en renfort pour aider au sauvetage de bateaux pris dans un ouragan. Ils se dirigent vers l’Ethernet, le yacht de Brian Westgate, un milliardaire du Net. Celui-ci a épousé Sienna qui fut, quelques années plus tôt, le grand amour de Kurt.
La tentative pour sauver Sienna et sa petite fille échoue. Kurt en ressort avec une commotion cérébrale, des cauchemars, des crises d’amnésie, de rage. Il est persuadé avoir vu les cadavres prisonniers du bateau. Il est soigné par Anna Ericsson, une psychologue qui va peut-être au-delà de son rôle de thérapeute.
C’est à Madagascar que Sebastian Brévard prépare une machination qui lui apportera la fortune. Avec sa sœur Calista, experte en systèmes informatiques, ils attendent de pouvoir disposer d’une femme, la clé de voûte de leur plan. Kurt ne veut pas admettre la mort de Sienna, d’autant que, nouant des liens troubles avec des officines, il a découvert une photo de mauvaise qualité, prise en Iran. La femme ressemble à celle qu’il aime encore. Il n’en faut pas plus à Kurt pour démissionner et se préparer à partir. Cependant, Pitt Dirk, qui connaît son directeur demande à Joe d’assurer une protection discrète…
Le romancier imagine un récit prenant en compte le piratage des systèmes et les incidences de celui-ci sur les données en mer, sur les appareils de plongée sur les robots, tous commandés informatiquement, mais va plus loin. Avec ce livre, l’auteur propose une succession d’actions musclées, un pur roman d’aventures comme on n’en fait plus guère avec des mises en danger, des sauvetages périlleux, des personnages se dépassant pour voler au secours des autres. Mais on côtoie aussi le pire de l’humanité, des truands de haut vol, des voyous sans foi ni loi, des individus issus de milieux en conflit avec les États-Unis comme des Iraniens, des Coréens…
Tous ces protagonistes évoluent dans une intrigue habile, adroite et rouée, prenant en compte avec brio les bases de la société anglo-saxonne et son rapport à l’argent. Mais l’univers marin reste le personnage principal avec des navires, des tempêtes, des plongées, des naufrages, des poursuites et toutes les actions possibles sur et dans l’eau.
On trouve par ailleurs dans ce récit une connotation plus sentimentale qu’habituellement, avec des situations amoureuses moins superficielles que celles auxquelles le Label Cussler nous avait habitués.
Avec Vaisseau fantôme, Graham Brown signe un superbe récit, renouant heureusement avec le roman d’aventures échevelées, tout en intégrant des données très modernes.
serge perraud
Clive Cussler & Graham Brown, Vaisseau fantôme (Ghost Ship), traduit de l’anglais (États-Unis) par Henri Froment, Grasset, coll. “Thriller”, mai 2019, 368 p. – 21,50 €.