Carole Naggar ignore les prurits de l’égo. Ecrivaine et poètesse, historienne de la photographie, conservatrice et peintre, elle contribue régulièrement à Aperture et à Time Lightbox. Depuis 2014, elle est rédactrice en chef de la série Magnum Photos Legacy Biography.
Avec Récits instantanés elle écrit une forme particulière d’autobiographie pleine d’affects envers les êtres qu’elle replace souvent dans des lieux emblématiques. Elle s’efface souvent pour laisser toute sa place à celles et ceux qu’elles admire. Par sauts et gambades et en une parfaite clarté, elle revient toujours à l’essentiel : l’image primitive et sourde. Carole Naggar atteint l’essence des êtres et des lieux en leurs plus fantastiques secrets.
De Carole Naggar deux publications récentes : Récits instantanés, Atelier de l’Agneau, , coll. biophotos ; Tereska et son photographe, éditions The Eyes.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La lumière. Dans ma banlieue newyorkaise, le chant des oiseaux, le pivert qui creuse des constellations dans le cèdre de la maison. A Paris, les premiers pas des passants qui claquent sur le pavé, les miettes de dialogues dans la rue, La lumière.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Je voulais être funambule ou souffleur de verre, je suis devenue écrivain, cela ne me semble pas une trahison.
A quoi avez-vous renoncé ?
Courir (pour raisons physiques)
D’où venez-vous ?
D’une communauté de Juifs d’Egypte qui n’existe plus, d’une époque où musulmans, juifs et chrétiens savaient encore vivre ensemble.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
Des questions.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Le chocolat noir amer, les fraises des bois, nager dans la Méditerranée.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres photographes ?
Je ne suis pas photographe, la photo me sert de journal de bord ou de tremplin pour l’imagination et la fiction.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
“L’entrée du château”, un tableau de la peintre portugaise Maria Elena Vieira da Silva.
Et votre première lecture ?
“Les malices de Plick et Plock” de Christophe, l’auteur aussi de “La Famille Fenouillard”- dessins et textes.
Quelles musiques écoutez-vous ?
Zbigniew Preisner, Haendel, Vivaldi, Ella Fitzgerald, Billie Holiday, Leonard Cohen.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
Deux livres préférés : “Requiem” d’Antonio Tabucchi, “Les Cahiers de Malte Laurids Brigge” de Rilke.
Quel film vous fait pleurer ?
“La double vie de Véronique” de Kieslowski.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Parfois je me reconnais, parfois je me fais un peu peur.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Je ne sais pas quoi répondre.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Le Caire, Venise
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Ecrivains : Basho, Rilke, Mandelstam, John Berger, Colette, Anna Akhmatova. Photographes : Pentti Sammalhati, Sabine Weiss, Christer Strömholm, Robert Doisneau, Saul Leiter, tant d’autres…Artistes : Goya, William Kentridge, Giacometti, Helen Frankenthaler.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Quelques jours au bord de la Méditerranée, peut-être dans une île.
Que défendez-vous ?
L’absence d’ego et la simplicité de style sans jargon
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Pauvre Lacan,si pour lui l’Amour c’est cela.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
Oui.
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Le plus grand bonheur de ma vie, et la plus grande surprise : mes fils.
Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 1er août 2019.
En billevesée instantanée j’affirme la place absolue vers la Méditerranée ( nager même au Caire ou à Venise ) et goûter la lumière mieux qu’a NY ou Paris de l’artiste Carole Naggar en ses désirs secrets .