La vie de Galilée (Bertold Brecht / Éric Ruf)

Le somp­tueux juge­ment de l’histoire

Nous trou­vons Gali­lée au bain ; tan­dis qu’on lui pro­digue des soins élé­men­taires, il est déjà animé par des pré­oc­cu­pa­tions scien­ti­fiques. Le cher­cheur nous est mon­tré dans sa vie quo­ti­dienne, avec son carac­tère mariant exi­gence et bon­hom­mie. L’enchaînement des décou­vertes inquiète ses proches ; un ami vient aver­tir Gali­lée du risque encouru à quit­ter la Répu­blique de Venise pour Flo­rence, sou­mise à des auto­ri­tés reli­gieuses plus sour­cilleuses.
Pour­tant, poussé par son appé­tit de connais­sances et d’innovations, Gali­lée s’expose aux moque­ries des dia­lec­ti­ciens de la cour flo­ren­tine, ainsi qu’à la peste qui va affec­ter la ville. La pièce est forte et dyna­mique ; elle alterne les scènes d’intimité, les débats publics, les tableaux fes­tifs et les dis­cus­sions privées.

La démarche de Gali­lée est pré­sen­tée comme une recherche de bon sens, proche du peuple. La troupe se montre effi­cace, un peu gouailleuse, au ser­vice du pro­pos déli­bé­ré­ment non sophis­ti­qué de Brecht. La mise en scène pro­cède d’un sym­bo­lisme un peu expli­cite. En ce sens, le décor est consti­tué de grandes toiles, repro­dui­sant des détails des tableaux de maîtres de la Renais­sance, don­nant un aspect solen­nel au pro­pos tenu dans un cadre simple, consti­tué d’un mobi­lier des plus modestes.
Ainsi le bal­let des membres du Col­le­gium Roma­num est-il bou­le­versé par la recon­nais­sance de la valeur des recherches de Gali­lée. Tout au long de la pièce, la ques­tion de la recherche intel­lec­tuelle est trai­tée dans sa dimen­sion poli­tique par Brecht. La remise en cause de la tra­di­tion de connais­sance ris­que­rait de pro­duire une remise en cause de la tra­di­tion d’établissement du pouvoir.

A terme, l’attitude de Gali­lée est sou­mise au juge­ment de l’histoire : savant nova­teur et dis­si­mu­la­teur ou bon­homme trop sen­sible, vic­time de son absence de témé­rité ? Le spec­tacle se tient, bien qu’il soit cousu avec du fil un peu trop visible.
La pièce est alerte et nour­rie, mais elle pro­cède, tant comme texte que comme repré­sen­ta­tion, de res­sorts un peu visibles. Le spec­tacle est magni­fié par les décors et les cos­tumes dont la suc­ces­sion consti­tue un bal­let somptueux.

chris­tophe giolito

 

La vie de Galilée

de Ber­told Brecht

Mise en scène Éric Ruf

© photo Vincent Pontet

Avec Véro­nique Vella, Thierry Han­cisse, Alain Len­glet, Flo­rence Viala, Jérôme Pouly, Guillaume Gal­lienne*, Serge Bag­das­sa­rian*, Hervé Pierre (Gali­lée), Bakary San­garé, Pierre Louis-Calixte*, Gilles David, Jérémy Lopez, Nâzim Boud­je­nah*, Julien Fri­son*, Jean Che­va­lier, Élise Lho­meau, Birane Ba*, et les aca­dé­mi­ciens de la Comédie-Française Peio Ber­ter­retche, Béa­trice Bien­ville, Mag­da­léna Calloc’h, Pau­line Cha­brol, Noé­mie Pas­te­ger, Léa Schweit­zer, Tho­mas Kel­ler, Oli­vier Lugo, Jor­dan Vincent. (* en alternance)

Tra­duc­tion Éloi Recoing ; cos­tumes Chris­tian Lacroix ; lumière Ber­trand Cou­derc ; musique ori­gi­nale Vincent Leterme ; son Colom­bine Jac­que­mont ; tra­vail cho­ré­gra­phique Glys­leïn Lefe­ver ; col­la­bo­ra­tion artis­tique Léo­ni­das Stra­pat­sa­kis ; assis­ta­nat à la mise en scène Ali­son Hor­nus ; assis­ta­nat à la scé­no­gra­phie Julie Camus ; assis­ta­nat aux cos­tumes Jean Phi­lippe Pons ; assis­ta­nat à la lumière Lila Meynard.

 

A la Comé­die Fran­çaise, Salle Riche­lieu, place Colette, 75001 Paris

https://www.comedie-francaise.fr/fr/evenements/la-vie-de-galilee-m6ec2w

Selon le calen­drier de l’alternance des spec­tacles, reprise début octobre. https://www.comedie-francaise.fr/fr/calendrier

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