Peter James, Comme une tombe

Un enter­re­ment de vie de gar­çon peut mal se dérou­ler si, comme Michael Har­ri­son, on finit vivant dans un cerceuil.

Michael Har­ri­son va se marier avec une femme belle à sou­hait. Avec quatre de ses amis, il fait la tour­née des pubs pour son enter­re­ment de vie de gar­çon. Michael Har­ri­son est un adepte des blagues de mau­vais goût. Ses amis ont décidé de se ven­ger. Ils le saoulent, avant de le cou­cher dans un cer­cueil et de l’enterrer avec un maga­zine porno, une bou­teille de whisky et un talkie-walkie dont le modu­la­teur de fré­quence a été collé pour ne fonc­tion­ner qu’avec le leur. Et puis c’est le drame. Les quatre amis sont vic­times d’un acci­dent de la route auquel aucun ne sur­vi­vra. Ce qui devait être une blague de deux heures devient un vrai cau­che­mar pour un Michael Har­ri­son dégrisé. Sur les lieux de l’accident, c’est le fils du dépan­neur qui récu­père l’autre talkie-walkie. Or ce grand enfant est aussi attardé et passe son temps à s’imaginer fai­sant par­tie des séries télé­vi­sées qu’il regarde. Ce talkie-walkie sera son secret, et il ne l’utilisera que quand bon lui semble. Mais ce n’est pas grave car l’associé de Michael est aussi son témoin de mariage. Et s’il n’était pas là pour cet enter­re­ment de vie de gar­çon, c’est parce que son avion a été retardé par le brouillard. En revanche, il était au cou­rant de ce que les amis de Michael pro­je­taient. Sauf qu’il jure ses grands dieux que non. C’est une fian­cée affo­lée et angois­sée qui demande son aide au com­mis­saire de police Roy Grace. Il doit retrou­ver Michael Har­ri­son. Ce der­nier n’ayant aucune rai­son valable d’abandonner sa jolie fian­cée à deux jours d’un mariage qu’il espé­rait de tout son cœur.

Roy Grace est un poli­cier aty­pique. Parce qu’il lui arrive de faire appel à des voyants — adeptes du para­nor­mal ? char­la­tans ? Au choix. Et sa femme le hante tou­jours autant : plus de dix ans après sa dis­pa­ri­tion énig­ma­tique, le com­mis­saire ne s’est tou­jours pas résolu à refaire sa vie. Pour­tant, les femmes ne manquent pas dans son entou­rage, à com­men­cer par la ravis­sante Cleo, méde­cin légiste dont il croise le che­min un peu trop sou­vent en ce moment. Il y a quelque chose qui cloche. Aussi bien chez l’associé — qui aurait beau­coup à gagner avec la mort de Michael Har­ri­son - que chez la fian­cée, une men­teuse invé­té­rée dont le passé reste dans l’ombre. Car Roy Grace à un moyen infaillible pour savoir si on lui ment ou non. Chaque indi­vidu a sa tête qui penche d’un côté ou de l’autre selon qu’il va fouiller aux tré­fonds de sa mémoire ou qu’il che­rhce une alter­na­tive plau­sible à la vérité. Le tout est de déter­mi­ner quel hémi­sphère se rap­porte au men­songe. C’est pour­quoi le com­mis­saire débute tou­jours ses inter­ro­ga­toires par une ques­tion sans inci­dence aucune : “Qu’avez-vous mangé ce midi ?” Mais il faut se dépê­cher. Les heures passent vite et la vie de Michael Har­ri­son, si tant est qu’il soit tou­jours en vie, est entre ses mains.

Dès le début de Comme une tombe, le lec­teur averti est sûr d’une chose : l’associé se fera un plai­sir de taire ce qu’il sait. Sa jalou­sie est évi­dente, et il trouve là, même si c’est le fruit du hasard, une juste — du moins à ses yeux — ven­geance. Tous les élé­ments sont contre Michael Har­ri­son. Et encore. Le lec­teur n’est pas au bout de ses décou­vertes : alors qu’on s’oriente vers un sus­pense hale­tant mais somme toute clas­sique, d’autres élé­ments viennent se rajou­ter à l’intrigue. Au début, on pense même que c’est de trop. Peter James semble pro­po­ser une trame bien trop com­plexe pour que l’on y croie, comme si elle s’enterrait avec son pro­ta­go­niste. Puis, à force d’en rajou­ter, il obtient ce qu’il cher­chait : une course contre la montre, contre la mort, digne d’un Robert Bloch — celui de Psy­chose — des grands jours. L’intrigue devient cré­dible, et insou­te­nable. Machia­vé­lique à sou­hait. Car les ultimes rouages n’entrent en jeu qu’à la fin, comme dans tout bon sus­pense, mais sur­prennent odieu­se­ment. Enfin, le para­nor­mal est en fili­grane dans ce roman — mais seule­ment parce que c’est le credo de Roy Grace. Le lec­teur est libre de pen­ser que les maigres décou­vertes faites par les voyants du roman sont le fruit du hasard. Ou pas… On com­prend par­fai­te­ment pour­quoi ce roman, très rythmé avec ses 90 cha­pitres qui sont autant de moyens de redy­na­mi­ser l’intrigue, a été tra­duit dans 17 pays pour deve­nir un best-seller. Il y aura, à n’en pas dou­ter, une adap­ta­tion ciné­ma­to­gra­phique car tout est visuel. Le réa­li­sa­teur s’en don­nera à cœur joie.

julien védrenne

   
 

Peter James, Comme une tombe (tra­duit de l’anglais par Raphaëlle Dedourge), Édi­tions du Panama, mars 2006, 442 p. — 21,00 €.

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