Il Sole 24 ore — MAGAZINE / STORIE
Una montagna di muscoli inventati
di CRISTINA BATTOCLETTI
IL 05.07.2019
Il digitale ha permesso a molti attori di scivolare in parti prima impensabili per i limiti fisici. Adesso in post produzione si può fare qualsiasi cambiamento, ma sono ancora la bravura, il peso e l’esercizio a fare la differenza nelle interpretazioni. Sono identici, tranne che per alcuni particolari, per esempio, lo sguardo. Quello del più anziano è meno aperto, forse anche in difesa dal male subito (e inflitto).
Henry Brogen (Will Smith), protagonista di Gemini Man di Ang Lee (a ottobre nei cinema), sta per chiudere la sua ditta di omicidi & co., senza aver smarrito il colore nero della chioma. Solo sulla tempia affiora una vena gonfia, indizio di preoccupazione, ansia, fatica, più evidente da quando qualcuno gli impedisce di concludere la sua carriera da killer professionista.
Chi lo tallona si muove con agilità e previene le sue mosse, come se fosse dentro di lui. Ma è molto di più : è lui stesso ragazzo, un clone strafottente e irruente, un incubo inclassificabile. Almeno sul piano psicoanalitico, non più su quello della realizzazione cinematografica.
Ci sono voluti ventidue anni per arrivare a Gemini Man, progetto nato nel 1997 e passato per le mani di Tony Scott, Curtis Hanson e Joe Carnahan. La Disney, che allora lo cullava, aveva addirittura creato un protocollo segreto, in cui si studiavano complicati effetti visivi di ringiovanimento per quelli che sono stati, di volta in volta, i protagonisti in pectore, da Harrison Ford a Mel Gibson, da Clint Eastwood a Sean Connery. Quando nel 2017 Ang Lee ha preso in mano il copione, la post produzione aveva già fatto miracoli: il de-aging era già stato sperimentato con successo in film come Lo strano caso di Benjamin Button (2008), Tron: Legacy (2010), alcuni capitoli di Lo Hobbit (2013–2014) e di X-Men (Conflitto finale nel 2006 e Wolverine nel 2009).
Nel caso di Will Smith, classe 1969, attore, rapper e produttore (anche di Gemini), il lavoro da fare non è stato così incisivo, aiutato dal fisico asciutto e dalla preparazione tesaurizzata nel ruolo del pugile Muhammad Alì nel 2001. Smith è tornato al volto infantile Anni 90 di Willy, il principe di Bel-Air senza troppa angustia per Ang Lee, che nella sua carriera ha saputo sfruttare i progressi della tecnica per creare vite fantastiche e mondi paralleli, come in La tigre e il dragone (2001) e Vita di Pi (2013), rafforzando per altro la natura poetica del suo messaggio. Sono film che hanno fatto incetta di Oscar, come anche un’altra pellicola di Lee in cui gli effetti speciali c’entravano poco: I segreti di Brokeback Mountain (2005). Qui il potere del corpo è mostrato in tutta la sua fertilità terragna e istintiva in una relazione tra le persone dello stesso sesso.
Il progresso della digitalizzazione a un certo punto ha fatto pensare che le fattezze – altezza, peso, tratti – non avrebbero inchiodato più nessun interprete, visto che a fine riprese si poteva creare al computer un’altra verità. Sono allora sembrati ingenui i tempi in cui Carlo Lizzani, adattando il romanzo di Vasco Pratolini, Cronache di poveri amanti, si era dovuto battere per imporre Adolfo Consolini, discobolo olimpionico, nella parte di Corrado, detto Maciste, maniscalco antifascista. Un ruolo chiave che il venticinquenne Giuliano Montaldo sconsigliava di affidare a un attore non professionista.
Lizzani però non solo volle la montagna di muscoli, ma gli affiancò Marcello Mastroianni, fino ad allora buono per le commedie, nel ruolo del sodale Ugo. Mastroianni diede prova di grande mimetismo, trasformandosi pian piano nell’attore duttile tanto amato da Fellini, condannato (dal corpo) al cliché di sciupafemmine che tanto odiava. […]
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traduction :
[De Chronique des pauvres amants à Gemini Man : ] Une montagne de muscles inventés
par CRISTINA BATTOCLETTI
le 05.07.2019
Le numérique a permis à de nombreux acteurs de se glisser dans des rôles auparavant impensables en raison de leurs limites physiques. Même si, en post-production, vous pouvez faire n’importe quel changement, ce sont toujours la compétence, le poids et l’exercice qui font la différence entre les interprétations. Elles sont identiques, sauf pour certains détails, par exemple, le regard. Celui du plus âgé est moins ouvert, peut-être même en position de défense eu égard au mal subi (et infligé).
Henry Brogen (Will Smith), protagoniste de Gemini Man d’Ang Lee (en octobre dans les cinémas) [Henry Brogan, un tueur professionnel, est soudainement pris pour cible et poursuivi par un mystérieux et jeune agent (lui-même) qui peut prédire chacun de ses mouvements, ndt], est sur le point de fermer sa société de Meurtres & co., sans avoir perdu la couleur noire de sa chevelure. Il apparaît seulement sur la tempe une veine enflée, indice d’inquiétude, d’anxiété, de fatigue, plus évidentes depuis que quelqu’un l’empêche de terminer sa carrière de tueur professionnel. Celui qui le poursuit bouge avec agilité et entrave ses mouvements, comme s’il était en lui. Mais c’est bien plus que ça : c’est lui-même, un clone impétueux, un cauchemar impitoyable.
Du moins sur le plan psychanalytique, plus que sur celui de la réalisation cinématographique.
Il a fallu 22 ans pour arriver à Gemini Man, projet né en 1997 et passé entre les mains de Tony Scott, Curtis Hanson et Joe Carnahan. Disney, qui alors couvait ce projet, avait même créé un protocole secret, où l’on étudiait des effets visuels compliqués de rajeunissement pour ceux qui ont été, de temps en temps, les protagonistes aspirant, de Clint Eastwood à Sean Connery.
Quand en 2017, Ang Lee a repris le scénario, la postproduction avait déjà fait des miracles : le vieillissement à l’envers avait déjà été expérimenté avec succès dans des films comme L’étrange histoire de Benjamin Button (2008), Tron : L’héritage (2010), certains chapitres du Hobbit (2013–2014) et de X-Men (“L’affrontement final” en 2006 et “Wolverine” en 2009).
Dans le cas de Will Smith, classe 1969, acteur, rappeur et producteur (de Gemini aussi), le travail à faire n’a pas été aussi incisif, aidé par son physique sec et la préparation déjà réalisée dans le rôle du boxeur Muhammad Ali en 2001. Smith est revenu à son visage enfantin des années 90 de Willy, Le prince de “Bel-Air sans trop d’angoisse pour Ang Lee, qui, dans sa carrière, a su exploiter les progrès de la technique pour créer des vies fantastiques et des mondes parallèles, comme dans Tigre et le dragon (2001) et L’Odyssée de Pi (2013), renforçant par ailleurs la nature poétique de son message.
Ce sont des films qui ont raflé des Oscar, ainsi qu’un autre film de Lee où les effets spéciaux comptaient pour peu : Le Secret de Brokeback Mountain (2005). Ici, le pouvoir du corps est montré dans toute sa fertilité première et instinctive dans une relation entre les personnes du même sexe. Le progrès de la numérisation à un certain point a fait penser que les caractéristiques physique – taille, poids, traits – ne limiteraient désormais plus aucun interprète, étant entendu qu’à la fin du tournage, on pouvait créer une autre vérité à l’ordinateur.
Les temps semblent alors naïfs où Carlo Lizzani, en adaptant le roman de Vasco Pratolini, Chroniques des pauvres amants, avait dû se battre pour imposer Adolfo Consolini, lanceur de disque olympique, dans le rôle de Corrado, dit Maciste, maréchal-ferrant antifasciste. Un rôle clef que Giuliano Montaldo, âgé de 25 ans, déconseillait de confier à un acteur non professionnel. Mais Lizzani ne voulut pas seulement la montagne de muscles, il lui adjoignit en outre Marcello Mastroianni, jusqu’alors seulement abonné aux comédies, dans le rôle du marchand des quatre-saisons Ugo. Mastroianni fit preuve d’un grand mimétisme, se transformant peu à peu en l’acteur malléable tant aimé par Fellini, condamné (par le corps) au cliché de l’homme à femmes qu’il haïssait tant.
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frederic grolleau
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