Par ses objets, peintures, dessins, livres et travaux architecturaux Catherine Bolle propose une oeuvre majeure qui la met au firmament des créateurs suisses et internationaux. Elle témoigne d’une approche approfondie des questions majeures posées par les enjeux plastiques. La diversité des techniques n’y est pas pour rien.
La séduction de la beauté des formes s’invente là où la trace, l’empreinte sont à base de la problématique existentielle à laquelle ce travail nous confronte.
Après un premier livre-somme sur la traversée des oeuvres et des ateliers de la plasticienne, celui-ci le complète. Et selon une visée des plus impertinentes et paradoxales. L’artiste y réunit ses projets architecturaux qui n’ont pas vu le jour (même s’ils ont été primés lors des concours où ils furent présentés !) et des oeuvre où l’objectif est retrouver les indices de la “chose perdue”.
Elle est parfois énigmatique car de l’ordre de l’inexprimable et de l’indicible. Mais l’artiste tente de “dire” à travers divers effets de filtres, voiles et de transparences.
Ce livre est magnifique presque magique mais aussi celui d’une sagesse en acte. L’artiste l’a créé pour montrer à celles et ceux qui s’engagent dans un travail que rien n’est jamais donné ou acquis. Au-delà même de ses images, les documents de ce volume deviennent des relevés indiciaires de la force créatrice de Catherine Bolle. Tout y est remarquable, neuf.
Un oeil et un esprit s’activent. Et, de fait, la seule “chose perdue” vraiment est l’ego. Et les apparences. Preuve que toute perte est conquête. La première crée la seconde. Pour peu qu’on ait du génie et de la persévérance.
Catherine Bolle les possède pour créer de telles mises en scènes de l’espace, du livre comme celui du paysage.
jean-paul gavard-perret
Catherine Bolle, La chose perdue, Till Schaap Editions, Berne, 2019.