Histoire et dystopie
Les photos de Michel Lagarde sont exceptionnelles. Dans des cohues indescriptibles, l’artiste crée des narrations capables de fomentées des chocs visuels d’exception. Divers types de bousculades entraînent le voyeur dans un univers de jungle humaine traversée de divers désirs. Ils ne sont pas forcément les “bons” mais qu’importe.
Nous sommes transportés dans des mondes déphasés là où la mélancolie comme la drôlerie jouent à plein. Les prétendus “autoportraits photographiques” ne passent jamais par du biographique mais d’autres carcasses. Pompiers, hallebardiers, hommes d’affaire, Dupon T ou D, forts des halles et catcheurs en buveurs hilares courbés plus par l’alcool que l’ambition.
Manière de prouver que ceux qui ne valent pas un seul centime refuse d’appartenir à une société anonyme. Amants éconduits, naufragés des Titanic ne saluent par leur époque : ils s’en moquent. Le noir et blanc, l’ombre et la lumière créent une théâtralité de stuc. Il y a là des films lents où tout le monde bouge, des films rapides où les héros sont plus K.O. que OK.
Le fantastique joue à plein, il troue le réel là où il gèle souvent à pierre fendre. Parfois, néanmoins, la chaleur est accablante dans des trains qui bringuebalent. Maître des mises en scène, des décors et habits compris, Michel Lagarde cultive l’irrévérence comme un absolu.
Que demander de plus puisque tout est génialement absurde ?
jean-paul gavard-perret
Michel Lagarde, Dramagraphies. Autoportraits photographiques. Acte II, Les Editions du Petit Oiseau, 2019, 100 p. — 29,00 €.
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