Capitalisme, fascisme et consommation
Calle Tredici Martiri (Allée des treize martyrs) est une réinterprétation photographique fictive de la campagne d’action directe contre les nazis en Italie par le grand-père de Jason Koxvold, Aldo Varisco. Le titre du livre rappelle l’emplacement du siège vénitien de la Garde Républicaine Nationale. Varisco et ses partisans l’ont fait explosé dans un attentat qui fit 13 morts.
En représailles, les Allemands fusillèrent 14 détenus italiens. Vaerisco et les siens furent capturés et torturés.
Après la guerre, la rue qui borde Ca Giustinian a été baptisée «Calle Tredici Martiri» et ce lieu est devenu celui des bureaux de la Biennale de Venise. Ce travail de Jason Koxvold prouve l’impossibilité de toute vérité photographique dans le contexte du lien contemporain du capitalisme, du fascisme et de la consommation dans lequel nous nous situons.
Le projet dépasse donc le fait historique. Il souligne combien les illusions, et a fortiori celles d’optique, ont suscité depuis toujours un intérêt chez les plasticiens. Et ce — à travers l’apparente fermeture -, par un élargissement sans limite, une ouverture vers l’espace et paradoxalement la liberté.
jean-paul gavard-perret
Jason Koxvold & Aldo Varisco, Calle Tredici Martiri, Gnomic Book, 2019, 224 p. — 35,00 $.