Dominique Sylvain, La Fille du samouraï

Le duo inte­nable de Domi­nique Syl­vain conti­nue à sévir pour notre plus grand plaisir.

Avec La Fille du Samou­raï, Domi­nique Syl­vain conti­nue sa nou­velle saga avec ses deux héroïnes, l’ex-commissaire Lola Jost et la flam­boyante Amé­ri­caine d’origine, Ingrid Die­sel. Le Japon n’est abso­lu­ment pas au cœur de cette his­toire. C’est la carotte. Ingrid, en pous­sant Lola à enquê­ter sur le sui­cide d’Alice Bonin qui s’est jetée du trente-quatrième étage de l’Astor Maillot, lui pro­met d’aller voir les sakura à Tokyo et Kyoto car la pleine flo­rai­son inter­vient à la fin mars et que l’on va pique-niquer sous les sakura et se goin­frer du sushis et de saké, comme les Japonais.

Puisqu’il y a enquête, il y a for­cé­ment anguille sous roche. D’autant que c’est un vieil ennemi qui tient les com­mandes de la police. “Le Nain de jar­din”, le com­mis­saire Brous­set. Et la vic­time n’est pas n’importe qui. C’est Alice Bonin, alias Brit­ney Spears, la fille de “Papy Dyna­mite” ou Mau­rice Bonin, un ami de nos deux enquê­trices plus ou moins en herbe. Alice s’est en effet sui­ci­dée dégui­sée en Brit­ney Spears, dont elle est un sosie accep­table, sous la caméra de son cou­sin qui s’est empressé de mettre ce beau film sur Inter­net et d’en vendre les droits à une télé.

Au milieu de tout ça, un petit ami délaissé, infir­mier de son état et dia­ble­ment sédui­sant. Et ce qui est étrange, c’est que l’Hôpital où il tra­vaille semble au cœur de l’affaire. On y ren­contre toutes sortes de gens. Cer­tains y tra­vaillent, y dorment, mais n’y ont aucune légi­ti­mité. Et puis il y a la morgue d’où pro­vient une main retrou­vée dans le frigo d’Ingrid qui passe son temps, tel Tar­dieu, à uti­li­ser un mot pour un autre et à être reprise, sans cesse, par une Lola de plus en plus remontée.

Pour­quoi Lola est-elle de plus en plus remon­tée ? Parce que les bar­bouzes sont de la par­tie. Il sem­ble­rait que le fils de notre ministre de l’Intérieur, Hélène Plessis-Ponteau, s’adonne à la drogue et qu’on ait tenté de la faire chan­ter. Alice ne serait pas étran­gère à l’affaire. Nos deux amies se retrouvent recher­chées et pri­vées de leurs droits civiques et de leurs cartes bleues, ce qui est plus grave au vu de la situa­tion qui dégé­nère. Ingrid, qui est mas­seuse le jour, dan­seuse la nuit, connaît bien le milieu où Alice tra­vaillait : les call girls de luxe. L’affaire se corse quand elle se retrouve à la porte. La pêche au maque­reau est alors ouverte. C’est le moins qu’on puisse faire pour ne pas céder à la folie.

Avec La Fille du samou­raï, on avance à cent à l’heure. Au milieu d’une fresque de per­son­nages par­fai­te­ment maî­tri­sés et atta­chants, Domi­nique Syl­vain nous emmène dans un Paris d’autant plus impro­bable qu’on se demande sans cesse s’il ne pour­rait pas exis­ter. Les per­son­nages ne sont pas cré­dibles et pour­tant ils sentent le vrai. Ils sont beaux, moches, natu­rels. Un peu de sueur. Beau­coup de poudre aux yeux. Le rythme est hale­tant. Le sus­pense n’est pas insou­te­nable mais il est pre­nant. La fin ne fait pas de doute. Les méchants sont connus d’avance. Ils seront man­gés. Mais à quelle sauce ? Pour cela, il faut lire La Fille du samou­raï. En plus, c’est une lec­ture rafraî­chis­sante. Mais sûre­ment, il faut com­men­cer par Pas­sage du désir, chez le même édi­teur, qui vient tout juste d’obtenir le Prix des lec­trices de Elle.

julien védrenne

   
 

Domi­nique Syl­vain, La Fille du samou­raï, Viviane Hamy coll. “Che­mins noc­turnes”, avril 2005, 284 p. — 16,00 €.

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Filed under Non classé, Pôle noir / Thriller

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