Cataract Valley (Jane Bowles / Marie Rémond & Thomas Quillardet)

La confron­ta­tion de deux mondes

On entend un grand bruit, dont on ne connaît pas la nature. En fond de scène des rais de lumière ver­ti­cale peinent à impo­ser leur pré­sence. Quelques paroles ano­dines, échan­gées dans la forêt sur la flore, la faune. Une jeune fille s’éprend de son lieu de vil­lé­gia­ture, un camp de vacances censé recons­ti­tuer une réserve natu­relle. Mais il s’agit d’une affaire de famille ; à tra­vers l’opposition du carac­tère de deux sœurs, on assiste à la confron­ta­tion de deux mondes.
Le cli­mat du foyer est patho­gène : trois sœurs déve­loppent cha­cune une forme d’adaptation mala­dive à la réa­lité insup­por­table. Pro­gres­si­ve­ment, on découvre l’anomalie men­tale dont les femmes se trouvent atteintes.
Sans rien dire, la pièce donne à voir l’irrémédiable auto-dénégation de soi.

Il s’agit pour le per­son­nage de Har­riet de trou­ver ses racines. Mais le déve­lop­pe­ment de l’intrigue conduit sa sœur Sady à perdre ses repères : lorsqu’elle vient au camp sur­tout fré­quenté par des tou­ristes naïfs, elle ne trouve rien. Elle ne goûte pas l’exotisme de paco­tille, et sur­tout elle se rend compte qu’elle a perdu sa sœur.
Un pro­pos pesant, en dépit de comé­diens effi­caces : sans trou­ver la repré­sen­ta­tion ratée, on ne peut man­quer à terme de s’interroger sur sa teneur ou son sens, d’en arri­ver à consta­ter qu’il n’y a pas là matière à spectacle.

On en sort dans le même état qu’on y est venus : dubi­ta­tifs, indemnes, en dépit de la gra­vité du thème de la pièce, qui, en rai­son de son écri­ture et d’une mise en scène conve­nues, ne trouvent aucune rai­son de s’imposer.

chris­tophe giolito


Cata­ract Valley

d’après Jane Bowles
un pro­jet de Marie Rémond
adap­ta­tion et mise en scène Marie Rémond et Tho­mas Quillardet

© SImon Gosselin

avec
Caro­line Arrouas, Caro­line Dar­chen, Laurent Méno­ret, Marie Rémond

Tra­duc­tion Claude-Nathalie Tho­mas ; scé­no­gra­phie Mathieu Lorry-Dupuy ; son Aline Lous­ta­lot ; lumière Michel Le Borgne ; cos­tumes Marie La Rocca ; assis­tant à la mise en scène Auré­lien Hamard-Padis ; réa­li­sa­tion du décor dans les ate­liers du Théâtre de la Cité sous la direc­tion de Claude Gaillard ; réa­li­sa­tion des cos­tumes dans les ate­liers du Théâtre de la Cité sous la direc­tion de Natha­lie Trouvé

Au théâtre de l’Odéon — Ate­liers Ber­thier 17e petite salle 1, rue André Suares, Paris 17e

Du 17 mai au 15 juin à 20h du mardi au samedi, 15h le dimanche.
Relâche les 19 mai et 2 juin. Durée 1h30.

Pro­duc­tion Théâ­tre­de­la­Cité – CDN Tou­louse Occi­ta­nie, bureau Formart

copro­duc­tion Odéon-Théâtre de l’Europe, Théâtre natio­nal de Bor­deaux en Aqui­taine, Théâtre de Lorient – CDN, le POC d’Alfortville

avec l’aide à la pro­duc­tion de la Drac Île-de-France

Créa­tion du 9 au 19 octobre 2018 au Théâ­tre­de­la­Cité – CDN Tou­louse Occitanie.

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