Jean-Bernard Pouy, Le Rouge et le vert

Pouy arpente le domaine de Sten­dhal mais aussi de Süs­kind dans un court roman d’investigation.

Depuis long­temps les romans de Jean-Bernard Pouy sont par­se­més de petits clins d’œil à l’ensemble de son œuvre (rendez-vous à Como­do­rio Ria­va­da­via). Cette der­nière s’accroît de manière fara­mi­neuse. Sur­tout en ce moment. 2004 a vu ce vil auteur per­pé­trer de nom­breux opus chez Gal­li­mard et aux Contre­ban­diers avec quelques for­fan­te­ries en sus chez d’autres édi­teurs comme Autre­ment et ADK. 2005 s’annonce une année tout aussi fournie.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que JBP (enten­dez par là Jean-Bernard Pouy), depuis deux ans (avec H4Blues) revient en force à la “Série Noire” dont il est un des plus fidèles piliers. Le Rouge et le vert est un hom­mage non déguisé à Henry Beyle, dit Sten­dhal, ainsi qu’il est dit dans les remer­cie­ments. Une sorte de mélange du Rouge et le noir et du Rose et le vert, ce der­nier étant un court roman — ou une longue nou­velle au choix - moins connu que son illustre aîné dont tout le monde se rap­pelle, au moins, les deux pro­ta­go­nistes prin­ci­paux que sont Julien Sorel et Madame de Rénal. Le tout à la sauce pouyquante.

Averell est dal­to­nien mais c’est avant tout un nez dans le royaume du par­fum. Il a une pas­sion, le roman poli­cier, et un amour, Vio­lette (mélange de rouge et de bleu, mais sûre­ment pas de rouge et de vert qui donne du kaki ou du mar­ron). Ave­rell, donc, est convié à un dîner mon­dain orga­nisé par Ber­nard Mariton-Westfal, direc­teur de thèse de sa dul­ci­née. Parce qu’il ne sup­porte pas cet homme qui reste pro­fes­so­ral jusqu’à sa table, il l’affronte sur son ter­rain. D’une joute ver­bale va accou­cher une enquête atypique.

Pour la pre­mière fois dans l’histoire poli­cière un enquê­teur va se retrou­ver chargé d’une mis­sion incon­nue de lui et de son com­man­di­taire. Une espèce de quête (im)personnelle qui va ame­ner Ave­rell à fouiller le passé d’un pro­fes­seur sans tache appa­rente alors que Sté­pha­nie, son inter­mé­diaire dans le monde des par­fums, rêve de lui faire par­ta­ger ses effluves et lui dévoile tous ses charmes sur les bords d’une piscine.

Voilà, le décor est planté et il l’est bien. On par­tage un grand cru de Pouy en lisant ce trop court roman (159 pages, limite en corps 16 pour les mal-voyants, ce qui, eu égard au prix de l’ouvrage — 8,00 euros - est une honte). Ici, pas de meurtres. Pas de vio­lence. Juste un per­son­nage qui s’aventure dans les tré­fonds de son âme. Qui passe son temps à vivre une pas­sion tor­ride avec son amie alors qu’il ne la connaît pas vrai­ment et qui ne sait pas prendre de déci­sions dans sa vie. Qui ne sait pas prendre les bons tour­nants. Le tout dans cette langue belle et variée à laquelle nous a habi­tués JBP. Un régal pour les nantis.

julien védrenne

   
 

Jean-Bernard Pouy, Le Rouge et le vert, Gal­li­mard coll. “Série noire” (n° 2731), mars 2005, 159 p. — 8,00 €.

1 Comment

Filed under Non classé, Pôle noir / Thriller

One Response to Jean-Bernard Pouy, Le Rouge et le vert

  1. Bernard Mariton

    Lors d’un pro­chain roman ‚il me serait agréable que vous son­giez à chan­ger le pré­nom de Mari­ton .
    Merci .
    P.S: Evi­tez Hervé , cela gène­rait mon frère .

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