Robert Seguineau est un sculpteur habité, poreux, amoureux de sa femme et de la nature humaine qu’il défend dans son travail d’appel. L’univers figuratif et symbolique est bien en place. Calqué sur le réalité, il s’en dégage. L’artiste en retient des éléments premiers afin de défendre l’être humain face aux contraintes de ceux qui veulent le régir avec la seule compétence de leur pouvoir égoïste.
Dans une telle oeuvre, la fonction fabulatrice agit contre le goût de la pose et de la parade. La sculpture est pour Seguineau toujours dialectique : loin des stéréotypes, elle est un appel à l’écoute et au partage.
Et bien sûr à l’accomplissement d’une beauté — sans quoi l’art n’est rien.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La certitude que ce jour sera plus heureux que le précédent.…
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Ils ont fait place à une réalité humaine enthousiasmante = aimer/aider…partager/créer/échanger/donner etc.…
A quoi avez-vous renoncé ?
A comprendre pourquoi tant d’hommes s’entretuent au lieu de coopérer dans la paix !
D’où venez-vous ?
De nulle part que je sache .. . Je suis un enfant de la guerre.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
La certitude :
1/ que le monde ira mieux quand les nations d’Europe sauront se constituer en États Unis d’Europe…
2/quand les femmes auront pris la place qu’il leur revient, c’est-à-dire la première.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Celui de lui faire plaisir — à elle — en y mettant un brin de créativité.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
Je ne m’en distingue pas. Car par définition un artiste ne peut l’être que s’il pose un regard bienveillant et reconnaissant sur chaque Être Humain , condition nécessaire et suffisante pour embellir la vie.
Comment définiriez-vous vos sculptures ?
Une timide expression du désir d’excellence . C’est aussi aimer les rides de sa compagne comme les signes gravées de sa beauté offerte à la mémoire du monde.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Une image de la Vierge à l’enfant de Raphaël que je garde près de moi depuis toujours.
Et votre première lecture ?
“Citadelle” de Saint Ex.
Quelles musiques écoutez-vous ?
Le clavecin bien tempéré et celles de tous les instruments à corde y compris le piano bien sûr.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
Les 3 suites de la Renaissance Florentine de Sophie Chauveau : « La passion Lippi », «Le rêve Botticelli » et « L’obsession Vinci »- et encore bravo à elle.
Quel film vous fait pleurer ?
“Tous les matins du monde”.
Quand vous vous regardez dans un miroir, qui voyez-vous ?
La vie qui ne cesse jamais… en sachant que seuls naissent et disparaissent les formes qui la contiennent.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Aux dictateurs de plus en plus nombreux qui étranglent la joie de vivre de tout un peuple.
Florence et Sienne, qui ont construit, qui ont peint , qui ont sculpté la beauté et l’amour de la femme, de la famille et de l’humain.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Victor Hugo ( les écrits politiques) Saint Ex, Camus, Jacques Collin et des milliers d’autres…Les chanteurs : Brel , Barbara, Ferrat …des architectes, des peintres , des cinéastes etc.…
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
L’annonce d’une paix définitive sur tous les continents.
Que défendez-vous ?
L’idée que la démocratie participative est le moins mauvais des gouvernements et donc : que l’Europe doit parfaire ce qu’elle n’a fait qu’ébaucher.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Le triste constat d’un homme intelligent qui n’a que trop maîtrisé ses émotions et ses sentiments. C’est aussi un clin d’œil d’humour sur l’impossibilité de définir l’Amour.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
Astucieux et très new-yorkais , sauf que cela ne veut rien dire, mais ça fait sourire…
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Finalement quel est le bilan ? Et j’aurais répondu : sur le plan personnel – plutôt réussi parce que nous avons construit un art de vivre à deux. Sur le plan humain des terriens - une catastrophe sans précédent dont nous subissons les prémices . La cupidité des plus riches finira par tuer toutes les populations humaines, animales, végétales à commencer par les plus exposés et les plus pauvres. Les plus riches résisteront plus longtemps mais leur agonie sera aussi plus longue : relisez le livre prophétique de Jared Diamond « COLLAPSE ».
Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 18 mai 2019.
J’adore l’entretien! Tu as disparu… Ah! les femmes… Mais en lisant l’entretien, j’ai eu une forte envie de te parler, car j’aime vraiment ce que tu as répondu! Une sorte de fraternité que j’aimerais approfondir… c’est rare!
Bon j’arrête de me répandre en écriture.
C’est dommage que je ne puisse pas t’appeler pour une petite conversation qui réchauffe le coeur!
eliZ
Après toutes ces années, heureuse de découvrir ton parcours, tes œuvres et la belle personne que tu es resté au vu de la lecture de cet entretien. Monique (ex Axe Publicité).