Avec le cinquième tome de sa saga familiale, l’auteure norvégienne Anne B. Ragde, nous fait à nouveau partager la vie quotidienne des Neshov, une famille qui a un peu éclaté à la fin du livre précèdent.
Torunn, qui a hérité de la ferme familiale, a définitivement quitté Oslo pour s’installer à la campagne. Bien décidée à retaper son nouveau foyer, elle s’investit maintenant dans l’entreprise de pompes funèbres tenue par son oncle Margido. Elle l’aide à faire face à la concurrence de nouvelles sociétés, tout en s’occupant de son grand-père, désormais placé en maison de retraite. Les relations avec son oncle homosexuel Erlend, qui vit à Copenhague, sont devenues très tendues. Il vit toujours le grand amour avec son compagnon Krumme, et élève trois joyeux bambins qui ne leur laissent pas de répit. Ils ont décidé de faire de leur nouvelle maison un véritable petit château, quitte à y passer tout leur temps libre.
Torunn s’épanouit dans sa nouvelle vie, et invite même sa mère et sa meilleure amie à découvrir son environnement. Ses liens avec son grand père sont de plus en plus tendres, et tout va pour le mieux, jusqu’à ce qu’un drame vienne bouleverser ce bel équilibre.
On ne peut que s’attacher à cette famille du grand Nord de l’Europe. Atypique, soudée dans les épreuves, cette famille Neshov a déjà fait face aux conséquences d’un passé lourd à porter. Dans ce tome, la vie continue, mais la maladie et la mort sont beaucoup plus au centre de cette nouvelle histoire.
Le travail repris par Torunn au sein de l’entreprise de pompes funèbres est décrit sans concessions, comme le moment où elle se rend sur une scène d’accident, et aucun détail n’est épargné au lecteur. Parallèlement, la vie menée par le couple homosexuel d’Erlend et Krumme, contrebalance la noirceur du travail de Torun, en nous offrant quelques de beaux sourires.
Retrouver la famille Neshov reste un réel plaisir, principalement dû au fait que les sentiments ressentis par les personnages, leurs doutes, leurs erreurs tiennent de l’universel. De plus, Madame Radge nous fait découvrir une autre culture, d’autres traditions (comme celle de ce drapeau hissé en plein milieu de la cour de la ferme) avec une qualité d’écriture, qui réussit à faire oublier les quelques failles de ce nouvel opus : un peu moins d’action, plus de noirceur par exemple.
La transmission de certaines valeurs comme le devoir de mémoire, les liens intergénérationnels, la fidélité, reste au centre des drames connus par cette famille qui devient toujours plus attachante de tome en tome. Il restera peut-être à étoffer un peu plus l’histoire dans une suite future, ou penser à apporter une conclusion à cette saga familiale.
franck boussard
Anna B. Ragde, Un Amour infaillible, Fleuve Noir, 2018, 360 p. – 19, 90 €.