Butor a souvent été surévalué en tant que critique d’art. Si l’auteur avait séduit dans un premier temps et à juste titre avec La Modification, et L’emploi du temps, il s’est (relativement) perdu dans une littérature prise pour de l’expérimentation, une somme considérable de livres avec artistes — parfois conséquents, parfois secondaires - qui ont fait de lui le recordman de France des publications.
Quant à ses livres critiques, ils ont pu plaire (surtout ses Répertoires — éditions de Minuit) mais ne soulèvent pas forcément l’enthousiasme.
Ce nouveau livre rappelle plus de 100 oeuvres de l’histoire de l’art occidental. Il est surtout intéressant lorsque Butor parle de Konrad Witz, Dirk Bouts, Willem Kalf, Liotard plus que lorsqu’il évoque de plus grands noms. Bref, l’ensemble ressemble à une démonstration parfois convaincante, souvent poussive d’une époque, d’un mouvement, d’un manifeste ou d’un moment esthétique.
Les textes proposent certes des pistes de réflexion qu’ils laissent au lecteur le soin d’ouvrir.
Ce que Butor dit de Giotto et ses fresques de la chapelle des Scrovegni à Padoue, de Paolo Uccello, de Bruegel ou Van Dyck ou Velasquez n’a rien de très original. Certes, ce sera pour certains une découverte ; néanmoins l’ensemble reste anecdotique même si l’auteur prétend à rendre les oeuvres évoquées indépassables. Elles le sont souvent mais le texte ne l’est pas.
Butor ne se prend pas pour un grand expert. Et il a bien raison.
Ces rééditions n’apportent pas grand chose à sa gloire posthume. Il s’agit d’un musée de cire (littérairement parlant) et de circonstances purement “pédagogiques” (au mieux).
jean-paul gavard-perret
Le musée imaginaire de Michel Butor, 160 illustrations, 170 x 230, Flammarion, janvier 2019, 368 p. — 35,00 €.