Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée (Alfred de Musset / Anne-Sophie Liban & Mathias Fortune Droulers)

Avances cour­ti­sanes postmodernes

Le public s’installe devant un décor post­mo­derne, dont les élé­ments sont sym­bo­liques plu­tôt que consti­tu­tifs. Un ordi­na­teur inter­rompt la chan­son gui­mauve pour s’adresser au public, pro­non­cer les aver­tis­se­ments d’usage sur un mode comique. Une femme vient se pré­las­ser sur son fau­teuil. Les objets connec­tés jouent le rôle de ser­vi­teurs. La mar­quise s’habille tan­dis qu’un pré­ten­dant hésite à son­ner à la porte.
On assiste à une actua­li­sa­tion scé­nique de la comé­die de Mus­set : des brui­tages figurent la solen­nité du châ­teau. La mar­quise a ses humeurs, elle dit « perdre le talent de vivre ». Le dia­logue s’instaure par esquives entre la mar­quise et son his­trion. Les échanges volon­tiers facé­tieux consti­tuent une satire des usages des cour­ti­sans qui se répandent dans la société. La mise en scène a le mérite d’actualiser le texte et de ne pas se prendre au sérieux.

Les comé­diens s’invectivent, se jouent des attentes du public, dyna­misent le pro­pos de la pièce, certes datée. Les per­son­nages exa­gèrent jusqu’à por­ter au ridi­cule l’expression de leurs répliques, se plaisent à mon­trer leur jeu. Les pro­ta­go­nistes de ce dia­logue biaisé ne cessent de se mena­cer de rup­ture. Les acteurs se lancent dans des mimes un peu ambi­tieux. Une moque­rie sur les usages, que la mar­quise se plaît à conspuer, non pour en déjouer l’effet, mais pour mieux jouir de l’exhibition des pro­cé­dés conve­nus.
Lors de l’évocation de son édu­ca­tion de jeune fille, la mar­quise pour­rait avoir des accents de la Mer­teuil dans sa lettre 81, mais la défense de la tra­di­tion par le pré­ten­dant, la recherche d’autonomie de la conquise ne s’expriment que dans le cadre d’une comé­die légère.

Un spec­tacle plai­sant, bien senti, mais un peu com­plai­sant, en ce qu’il se montre satis­fait de son propre déploiement.

chris­tophe giolito

Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée

d’Alfred de Musset

Mise en scène Anne-Sophie Liban et Mathias For­tune Droulers

© Sta­nis­las Liban.

Avec Anne-Sophie Liban et Mathias For­tune Droulers

Théâtre Le Lucer­naire, Paris

Col­la­bo­ra­tion artis­tique Julie Bro­chen ; créa­tion lumières Cyn­thia Lho­pi­tal­lier ; assis­tante à la mise en scène Katia Miran ; idée ori­gi­nale Yohan Guion ; scé­no­gra­phie Marion de Vil­le­cha­brolle ; cos­tumes Audrey Belin ; cra­tion son Rozenn Lièvre ; pro­duc­tion Com­pa­gnie Le Homard Bleu ; coréa­li­sa­tion Théâtre Le Lucer­naire, Lieu par­te­naire de la sai­son éga­lité 3 ini­tiée par HF Île de France.

Sou­tiens : Spe­di­dam, Car­dio Renal, Jay­mot, Le Safari, Les Nou­veaux Ateliers.

Remer­cie­ments : Julie Bro­chen, Sta­nis­las Liban, Jérôme Alme­ras, Mau­rice Béren­ger, Yan­nick Le Restif.

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