Ce livre permet de faire retour sur un temps où Michel Dunand — fidèle à un credo minimaliste qui n’avait déjà rien d’une pure cosa mentale — osait “fixer / le soleil / au fond / des yeux. / Le soleil / En personne”. Il lui suffisait alors de “museler l’hiver” pour “effacer la nuit”. Derviche de lui-même, Dunand ne tournait pas sur lui-même mais autour du monde. Il ne l’a pas quitté.
Sa quête demeure intense. Certes, l’eau est passée sous les ponts, elle a traversé le lac d’Annecy pour rejoindre la mer. Mais l’auteur n’a cessé de lutter contre l’absence. Ses poèmes d’hier, comme ceux d’aujourd’hui, sont intenses. Rien n’y est superflu. Pas le moindre flottement.
Le poète annécien, dans ces textes d’hier, suivait déjà son chemin. Jusqu’en plein désert. Dunand sait toujours y trouver “un peu de corps / et beaucoup de mystère”. Contre la mort qu’on se donne ou qui nous est donnée, quelque chose suivait son cours et le suit encore. Il ose le feu sans craindre qu’il devienne noir car, même dans cette noirceur, il reste ardent.
C’est donc une leçon de conduite et le refus des attentes passives. Au-delà du coeur et du sexe mais sans se complaire dans la seule mentalisation, les mots avancent à la recherche de la lumière. En fin d’ouvrage, les peintures de Marc Limousin ponctuent cette recherche de sa main. Elle fait poindre, face à ce qui emmure, la même liberté qui anime le poète.
jean-paul gavard-perret
Michel Dunand, Dernières nouvelles de la nuit et autres poèmes (1980–1993), peintures de Marc Limousin, Editions du Petit Véhicule, 2019 — 25,00 €.