Quand un guerrier lutte contre la magie…
Dans quelques nouvelles, Conan le Cimmérien évolue dans un monde barbare, un univers de type médiéval où règnent la magie et la force brutale.
Ce personnage crée par Howard n’a, en fait, atteint une certaine notoriété qu’avec les reprises et les suites qui ont été faites par Lyon Sprague de Camp, Lin Carter et les lointaines adaptations faites par le cinéma.
Flavio, le ménestrel du roi Conan, chevauchant un ours, arrive à Tamar en criant aux habitants de se réfugier derrière les murailles. Il a, hurle-t-il, les démons de l’enfer à ses trousses. Il y a quatre jours, il était parti avec le roi et cinq mille guerriers pour prêter main-forte au roi Amalrus. Or, c’était un piège. Conan s’est battu comme un lion jusqu’au moment où Tsotha-Lanti, un sorcier, le frappe par derrière.
Conan, prisonnier, enchaîné dans une cage roulante, est emmené jusqu’à un palais. Là, sont réunis les responsables de sa défaite. Ils veulent son royaume, ils exigent qu’il abdique en faveur du prince Arpello de Pellia. Face à son refus, Sotha-Lanti le fait enfermer dans un souterrain vers : “Un monde que même les dieux n’ont pas osé imaginer… Un endroit où vivent des choses qu’aucun esprit humain ne peut accepter de voir sans sombrer aussitôt dans la folie.”
La nouvelle scénarisée par Luc Brunschwig a été composée au printemps 1932 pour une parution à l’automne dans Weird Tales. Le nouvelliste revient, après quelques déboires, à l’époque où son héros est roi d’Aquilonie.
C’est la lecture de deux romans de Conan Doyle, un des écrivains préférés de Howard (cherchez le lien pour le nom du héros !) Sir Nigel (en cours d’adaptation en bande dessinée chez le présent éditeur) et La Compagnie blanche qui a inspiré la trame de départ du récit. Le héros est en proie à des maléfices, des créatures improbables.
Dans ce texte, Howard fait part de son mépris pour les monarchies héréditaires, pour la noblesse et pour l’insupportable supériorité d’un individu du simple fait de sa naissance.
Cette opinion est reprise par Luc Brunschwig qui met dans la bouche du guerrier : “Je n’ai pas hérité de mes titres d’une famille qui règne sur ce monde depuis la nuit des temps. Il a fallu que je me taille un chemin vers le trône à coups de poing et d’épée… Mon prédécesseur… se contentait de regarder mettre le pays à feu et à sang en accablant les petites gens d’impôts pour financer leurs conflits imbéciles.” Howard n’est-il pas éternel dans ses remarques ?
Le dessin, signé par Étienne le Roux, relaie à merveille le contexte du récit, l’atmosphère de la nouvelle et de son adaptation. Réaliste, il met en scène des personnages hauts en couleur et un bestiaire fabuleux. Les décors sont soignés et il offre de jolies perspectives et scènes de bataille.
Cet album, comme tous ceux de la série, est complété par un cahier bonus composé d’une présentation érudite du texte initial par Patrice Louinet et par six hommages graphiques signés ici, entre autres, par Laurent Hirn, Cécil, Olivier Taduc…
Avec ce cinquième tome, les éditions Glénat assoient de belle manière une série attractive, variée, plaisante à lire et à regarder.
serge perraud
Luc Brunschwig (scénario adapté de l’œuvre de Robert H. Howard), Étienne Le Roux (dessin) & Hubert (couleur), Conan le Cimmérien – t.05 : La Citadelle écarlate, Glénat, coll. “Conan le Cimmérien”, mars 2019, 72 p. – 14,95 €.