Énième aventure du commissaire Adamsberg qui, cette fois-ci, traverse l’Atlantique en compagnie d’un juge aussi diabolique qu’immortel.
“Vous êtes un con, Adamsberg”, cette réplique de Danglard, le collègue du commissaire maintenant célèbre de Fred Vargas, illustre parfaitement le Adamsberg de Sous les vents de Neptune. Dans ce roman, le commissaire, qui part au Québec aux côtés des Laliberté et autres Sanscartier se former aux différentes méthodes des tests ADN, est victime d’une sombre machination qui, d’enquêteur, le transformera en coupable. Situation dans laquelle il se montrera au pire, pataud, au mieux, ridicule. Il passera la majeure partie du roman à fuir.
Àfuir d’abord comme tout bon justicier (pas si) sûr de son fait et qui va remettre tout le monde d’accord. Et puis à se fuir lui-même. Pas de surprise dans ces fuites-là… Le frère du commissaire refait surface quelque part au fin fond du continent nord-américain et avec lui, les vieux démons ressurgissent. Dont un juge, revenu du Diable vauvert, et qui était donné pour mort et enterré. À croire qu’il est immortel. Et ce juge, qui par ses actes a instillé dans l’âme du frère d’Adamsberg des rêves de culpabilité forcée, tue puis trouve un coupable idéal qui ne se rappelle de rien.
L’histoire, elle, est assez banale et ressemble plutôt à un puzzle dont on aurait emboîté les pièces sans se soucier de vérifier qu’elles s’ajustent correctement. Au Québec, Adamsberg rencontre une jeune fille qui finira assassinée. Toutes les preuves de sa culpabilité sont réunies. Peu après son retour en France, Adamsberg est convié à retourner là-bas où une procédure à son encontre et à son insu a été entamée. L’histoire du justicier accusé à tort est en route. Outre cette banalité de l’intrigue, on est frappé par une certaine disproportion descritpive : autant la France et Paris sont décrits de façon assez détaillée, autant l’aperçu donné du Québec est maigre. Les endroits fréquentés par Adamsberg se limitent à un centre de recherche, à un morceau de forêt habité par un brouillard persistant et à un café. C’est à se demander si Fred Vargas connaît un peu le Québec.
L’on demeure aussi dubitatif face aux réactions d’Adamsberg, surtout au niveau de ses fameuses déductions. Toute logique l’a abandonné. Heureusement pour lui, Adamsberg peut se targuer de posséder de fameux anges gardiens. De tous poils et de tous bords. Sous les traits d’une grand-mère pirate informatique ou d’un policier québécois certain de son innocence.
Ce récit a cependant quelque chose de positif : Adamsberg semble parvenir au terme de quêtes personnelles desquelles il lui sera difficile de rebondir. Serait-ce un présage de la fin des aventures du commissaire ? Ce serait bien : le talent de Fred Vargas semble s’essouffler aux côtés de son personnage. Avant elle, d’autres auteurs ont été vampirisés par leur héros. Mais si elle lui survit, ses qualités d’écrivain n’en seront que davantage valorisées.
Sous les vents de Neptune a obtenu le Trophée 2004 du meilleur roman francophone de l’association 813.
julien védrenne
Fred Vargas, Sous les vents de Neptune, Viviane Hamy, 2004, 443 p. — 18,00 €. |