Spécialiste des détournements en tout genre, manipulateur d’archives ou d’images, Alessandro Mercuri, à l’heure des “fake news” est à son aise. Il propose un discours drôle, sans pitié ni piété. Il est vrai que l’auteur a déjà de la bouteille et pas seulement de soda même s’il a écrit un essai : Kafka-Cola, sans pitié ni sucre ajouté avant de pousser le bouchon un peu plus loin avec Le Dossier Alvin (art&fiction).
Il y suivait le journal de bord d’un submersible engagé dans des missions secrètes des services de renseignements américains. L’auteur, concepteur, a publié des textes critiques et nouvelles dans des revues dont “L’Infini”. Entre autres l’ironique “Onfray, Sade et Sarkozy – Le bon, l’obscène et le vulgaire”.
Holyhood n’est pas une nouveauté chez lui : Les aventures de Jesús Maria Veronica à Holyhood annoncent ce nouvel essai qui sonne comme un conte mixé. Soudain, la colline du Bois du houx, Hollywood, devient Holyhood, la Cité du sacré. Mercuri enquête à Los Angeles sur les pas ou plutôt les souffles de fantômes et de leurres au moment où surgissent les ruines d’une antique cité égyptienne. Est-ce un mirage, un décor de film ? De quel mystère est-il question?
Une superproduction post-warburgienne se développe avec des sommités tutélaires qui s’incarnent elles-mêmes : Ramsès II, Cecil B. DeMille,sans oublier et entre autres Jules César, John Wayne, Ed Wood, un ferrailleur, une actrice suicidée, un projectionniste assassin, un explorateur et un pasteur, Cervantes, le roi d’Hawaï et Moïse, des psychanalystes suisses etc.
Preuve que la crise de la fiction, mise en de bonnes mains, crée des plis et des vagues narratives. Le roman devient un tourbillon où périssent les non initiés ou les paresseux. Et il n’est pas jusqu’aux mouches à devenir dangereuses lorsqu’elles entrent dans une telle romance apocalyptique hors des chemins battus. Nous pouvons dès lors apprécier l’oeuvre pour la grandeur de sa couronne de stuc ou pour la densité de ses ombres portées.
Le mensonge n’est plus seulement l’apanage du politique. Et nul ne peut reprocher à un tel auteur d’exposer des idées que les érudits n’amplifient ou n’exploitent que trop peu dans leur sagesse approximative. Mercuri fait le travail pour eux en sa fiction.
Beverly Hills n’est plus que de la bougie au chevet d’un mort. Et si le roman n’instruit guère, il fait mieux : il illumine autrement.
Soudain, au milieu de décor d’Universal et autres studios le dieu égyptien Ra se réveille et fait briller sur le Pacifique son soleil.
jean-paul gavard-perret
Alessandro Mercuri, Holyhood, vol. 1 — Guadalupe, California, art&fiction, coll. Shush arry, Lausanne, 2019, 190 p.
Bien
Serait il possible de rencontré Alessandro afin de lui parler de mes idées de livres et de quelques secrets
Vous pouvez peut-être le contacter via son site ou celui de l’éditeur.