Gunnar Staalesen, Pour le meilleur et pour le pire

Ce second roman de Gun­nar Staa­le­sen tra­duit en fran­çais met en scène Varg Veum, un privé peu ordinaire…

Varg Veum n’est pas un privé ordi­naire. Pour lui, avec les enquêtes, c’est à la vie à la mort. Parce que les enquêtes sont d’abord des quêtes de la vérité. Et la vérité pour cet idéa­liste aux méthodes mus­clées doit appa­raître à tout prix. Même si elle éclate à ses risques et périls. Même si elle lui est dure à ava­ler. Même s’il se fait tabas­ser. Varg Veum donne de sa per­sonne à fond, plonge dans les eaux troubles sans peur des consé­quences. Il est un détec­tive engagé.

C’est que Varg Veum n’a pas tou­jours été détec­tive. Il ne l’est devenu qu’après avoir été éjecté de son tra­vail à la pro­tec­tion de l’enfance dans le port de Ber­gen. D’où cette farouche ambi­tion qui ne le quitte pas de sor­tir les jeunes de la came, de la pros­ti­tu­tion, de la vio­lence. Les ban­lieues de la ville sont ses ter­rains de jeu favo­ris. Dans ce nou­vel épi­sode — le per­son­nage de Varg Veum est suivi par Gun­nar Staa­le­sen depuis une dizaine de polars — il s’attaque à une bande menée par un psy­cho­pathe de 19 ans, qui pour­rit la vie d’un quar­tier, ter­ro­rise les enfants, les tor­ture par­fois. Les gens se taisent, la police évite le pro­blème, lui l’affronte seul. Il faut dire que le nom de cet irré­sis­tible cava­lier soli­taire annonce déjà la cou­leur, puisqu’il signi­fie “fau­teur de trouble”, ou “le loup dans le sanctuaire” .

Dans Ber­gen en plein hiver, avec le jour qui tombe tôt dans les après-midis, l’ambiance n’est pas fran­che­ment cha­leu­reuse. Le héros lui-même navigue entre un ave­nir incer­tain et un passé gâché. Déchiré par d’intenses souf­frances exis­ten­tielles, en conflit per­pé­tuel avec les femmes, laissé pour compte par la sienne, père frus­tré de son fils, privé sans client, il anes­thé­sie sa déprime dans l’alcool. Mais quand on touche à un gar­çon de huit ans, son âme d’assistante sociale res­sus­cite ! Pour le jeune Roar et sa mère, il prend les choses à cœur, trop à cœur même. On dirait que c’est lui qui pro­voque les drames et fait fleu­rir les cadavres sur son che­min. Pour les emmerdes son flair est imbat­table, dès qu’il y a un nœud d’embrouilles il est là. Et pour finir, les dénoue­ments sont explo­sifs, bru­taux, déga­geant pour lui, incu­rable fleur bleue, de nou­veaux et impro­bables hori­zons amou­reux.
Défen­seur des enfants et des faibles, Varg Veum est devenu un héros très popu­laire en Nor­vège et par­ti­cu­liè­re­ment à Ber­gen, sa ville ainsi que celle de son auteur - Ber­gen, un per­son­nage à part entière dans l’œuvre de ce der­nier.
Pour le meilleur et pour le pire est le deuxième livre de Gun­nar Staa­le­sen tra­duit en français.

Lire la chron­qiue de La Femme dans le frigo, une autre enquête de Varg Veum.

colette d’orgeval

   
 

Gun­nar Staa­le­sen, Pour le meilleur et pour le pire, (tra­duit du nor­vé­gien par Eli­sa­beth Tan­gen et Alexis Fouillet), Gal­li­mard “Folio poli­cier”, 420 p. — 6,60 €.

Leave a Comment

Filed under Non classé, Pôle noir / Thriller

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>