Sophie Loizeau crée une oeuvre très particulière loin des modes et des règles temporelles et causales. Nous rentrons dans des contes qui n’en sont pas, là où tout part en cavale ou meute dans une maîtrise parfaite entre relances et abandons. Poétesse du paysage, elle le transforme en des sortes de séquences de cavales dans un quadrillage où le lyrisme se fait intime pour en étalonner les étapes.
Tout est fertile, débordant, limoneux et déroutant dans un imaginaire onirique mais au coeur d’un quotidien décalé.
Rôdent bien des fantômes que la poétesse tire de ses lectures d’ici et d’ailleurs. Elle donne des pistes sur les loups qui se cachent mais hantent le lecteur. Existe aussi dans ce montage une sorte de livre d’amour avec son lien entre ce qui se passe chez les prédateurs humains comme chez les animaux.
Les uns cachent leurs mensonges, les autres refusent toute soumission.
L’auteure nous fait complices en une cosmogonie où la Femme domine non en pouvoir mais en mystère. Elle tient face à l’ombre des loups.
Il arrive que certain(e)s se frottent sur la paroi de leurs peaux fuyantes pour que la chair exulte entre pudeur et impudeur, entre blessure et douceur.
jean-paul gavard-perret
Sophie Loizeau, Les Loups, éditions Corti, Paris, 2019, 80 p. — 16,00 €.
Merci grand pour l’article, cher Jean-Paul!
Bien amicalement
Sophie